L’Asile des Oiseaux à la galerie Lazarew

Du 4 février en 6 mars, la galerie Lazarew met en lumière le travail des artistes Lena Long et Amélie Bigard dans son exposition « L’Asile des Oiseaux ».

/// Mathilde Mascolo

Toutes deux étudiantes aux Beaux-Arts de Cergy, les artistes et amies Lena Long et Amélie Bigard nous donnent à voir dans leurs œuvres les moments ordinaires de la vie sublimés par la grâce et complexité qui anime le genre humain.

Nous jetant de plein fouet ses couleurs criardes au visage qui recouvrent la totalité de ses supports, Lena Long nous « force » à rentrer dans son univers où la nature humaine, permanente et intemporelle, prend le pas sur tout le reste.

« La douleur n’est pas absente car l’humanité repose sur un lit d’amertume ; mais peut-être que ces personnages, maladifs comme toujours et parfois souriants, paraissent se contenter de leur sort. » Lena Long

Son huile sur toile de 2019 projète le regardeur dans une pièce, une chambre peut-être, où les tableaux jonchent le sol, prennent possession des murs. Des portraits, un atelier, une tasse… prennent place dans cette pièce où l’on ne distingue qu’une chaise et un bureau. Le mobilier, assemblé/désassemblé/ré-assemblé, dévoile une image fragmentée aux perspectives multiples de cet intérieur.

---

Ce qui frappe immédiatement lorsque l’on regarde les œuvres d’Amélie Bigard, c’est la frontalité de ses personnages, leur lisibilité, leur posture quasi-religieuse. Empruntant à l’art de l’icône, l’artiste réalise ses peintures à la tempera sur bois et convient à utiliser la feuille d’or.

Ses scènes sans ambiguïté aucune laissent à voir des figures stoïques dans un environnement qui semble les englober complètement. Les grands aplats de couleurs cernent ces « icônes d’un monde sans dieu », coincées dans un espace-temps sans issue.

À l’Est du soleil et à l’Ouest de la lune illustre sans équivoque le monde figé dans lequel évolue les personnages d’Amélie Bigard ; tous concentrés autour d’un homme au sol, les yeux fermés, ils se recueillent. Tous ? Pas tout à fait, un homme de dos observe le soleil/la lune, peut-être à la recherche d’une échappatoire ?

Emplie de poésie, cette exposition confronte deux mondes, l’un figuratif, l’autre tendant vers l’abstraction, qui se rejoignent dans ces « moments de partage, [où] la tendresse côtoie la maladresse, l’amour regarde la haine, la solitude se vit à plusieurs. »