Marie Havel : Pardonnez-nous nos enfances

Marie Havel : Pardonnez-nous nos enfances

« Ses observations sur la nature humaine l’ont amené à conclure qu’il nous faut mieux connaître ses composantes — ses éléments de base — si nous ne voulons pas voir condamnées à l’échec toutes les tentatives d’organisation sociale et internationale. C’est pourquoi, depuis huit ans, il étudie ces éléments de base à l’état où ils se révèlent sans artifice : dans les jeux des enfants. Il constate que la responsabilité du désordre dont souffre le monde actuellement n’incombe ni à une classe, ni à une nation, ni à un système : ce désordre n’est que la reproduction — sur une plus grande échelle — des réactions enfantines quand on laisse à celles-ci pleine liberté de s’exprimer, dans les jeux par exemple. Le salut de l’humanité réside en chacun de nous, non pas dans un système, une croyance, ou à l’intérieur d’une frontière donnée. L’ennemi n’est pas au-dehors, mais en dedans. » Extrait de Notice bibliographique sur William Golding (par lui-même) (p.7), dans Sa Majesté des Mouches, William Goding, éditions Gallimard, 1956, 246 pages (collection Folio). Pour l’exposition Pardonnez-nous nos enfances, le choix a été fait d’invoquer très frontalement la source essentielle du travail de Marie Havel : l’enfance ; ses expérimentations, ses réflexions et sa persistance, ses résurgences. Cet ensemble d’oeuvres, dont la plupart ont été élaborées lors de sa résidence de recherche et création à Lizières, observe cet axe de son travail, prenant de l’ampleur. Si, à l’accoutumée, cela transparaît à différents degrés, ici, l’enfance transpire, frontale, évidente. Marie Havel ainsi nous invite à considérer le jeu comme un apprentissage de l’acte vain, de l’échec et donc possiblement de la ruine. Par extension, le jeu pourrait être le lieu de la construction de ces échecs, de ces ruines. Apprendre à perdre, voire, souhaiter perdre. S’il est admis que l’enfance permet le réenchantement d’endroits de dévastation, la liberté de se saisir d’un évènement sans en prendre la charge et en lui insufflant une note d’espoir sans même y songer ; l’enfance permet aussi les expérimentations les plus libres de la violence et la jouissance à peine voilée de la destruction, qui, quelque part, perdure en nous, s’estompant, se dissimulant peut-être mais ne disparaissant jamais vraiment.

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