Au moment où la pensée philosophique de René Passeron (1920-2017) fait l’objet d’un colloque international au CNAM (15 et 16 novembre), la galerie Bernard Rouan présente René Passeron, l’artiste.
De fait, celui qui se revendiquait pluriel est tout autant peintre que chercheur et c’est une infime mais remarquable partie de son œuvre plastique qui sera montrée ici. Elle comprend à la fois des collages appelés Inimages – sûrement sa plus fulgurante invention –, des peintures-reliefs faites souvent d’éléments hétérogènes, et des objets énigmatiques qui ouvrent leurs volets sur de surprenantes apparitions.
Toutes ces œuvres sont placées en même temps sous le signe de l’expérimentation des matériaux et des « figures du tragique ». Tragédie de la situation humaine sous ses aspects à la fois les plus glorieux et les plus obscènes. C’est la déclinaison du corps féminin dans tous ses états qui symbolise cette situation fondamentale de l’amour comme principe de vie, et de la mort qui attend chaque être vivant jusqu’au moindre insecte. Dès lors René Passeron, le surréaliste, n’hésite pas à piéger dans ses Nécropoles, tableaux de sable et de dentelles, maints petits animaux des champs.
Il accorde enfin une importance capitale à l’encadrement de chaque œuvre jusqu’à ses puissantes séries des Parebrises qui fracassent les limites du tableau en exhibant leurs fractures baroques.
Fragments d’une longue vie de recherche, les œuvres sélectionnées invitent à découvrir cet artiste en dehors des normes et des modes.