Pierre Mabille à la galerie Jean Fournier : Variété

Avec Lavis (2019-2020), Pierre Mabille aborde de façon inédite la narration et la fiction nourrie de souvenirs, de rêves ou d’observations où l’on retrouve sa forme oblongue fétiche. Il ne prélève plus la forme dans le réel mais la fait reprendre sa place de détail dans un quotidien léger, parfois anecdotique qui raconte le continuum de la vie. Ces dessins pointent précisément ces moments interstitiels où le regard s’échappe et découvre la forme oblongue nichée au cœur des nuages ou dans les plis d’un vêtement.

En 2011, Pierre Mabille avait dessiné, découpé, reconstitué, assemblé toutes les occurrences à sa forme pour constituer ce qu’il nomme son Anti-dictionnaire. Aussi, la série Lavis marque un tournant dans sa démarche en devenant le pendant fictionnel de l’Anti- dictionnaire.

Variété présente également trois séries de tableaux récents où l’espace est traité chaque fois différemment, par superposition ou par effacement mais toujours construit par la couleur. La contrainte formelle autorise toutes les libertés colorées dans ce qu’il nomme son « chantier chromatique ». Mais c’est avant tout la notion de répétition – formelle, graphique, conceptuelle – qui sous-tend l’ensemble de son travail pictural et poétique. Au cœur des dessins et des tableaux, des vitrines présentent les éditions et les publications jusqu’aux plus récentes : livres d’artiste, portfolios, recueils de poésie. Listes, litanies, répétitions, ces multiples échos réinventent le travail de Pierre Mabille et révèlent son approche à la fois ludique et conceptuelle : « Je pratique un jeu qui consiste à ouvrir les interprétations d’une même image, d’une même forme (…) Ce qui m’intéresse, c’est l’idée que bien que je fasse toujours la même chose, ça ne donne jamais la même chose (…) »