Du 30 juin au 7 octobre, le Palais Lumière d’Evian-les-Bains présente l’exposition Picasso – L’Atelier du Minotaure, dans le cadre du Programme International Picasso-Méditerranée (2017-2019).
Cet être hybride, moitié humain, moitié bovin, incarne les pulsions les plus animales de l’homme, ce qui émerge de l’irrationnel et l’inconscient. Résultant de l’union entre Pasiphaé, femme de Minos, et d’un somptueux taureau blanc, le mangeur d’homme se retrouve emprisonné dans un labyrinthe, où ses proies lui sont apportées. C’est au milieu du XVIIIème siècle, suite à la découverte à Herculanum d’une fresque dans laquelle Thésée vainc le Minotaure, que va s’imposer l’iconographie d’un corps d’homme à tête de taureau dans l’art. Antonio Canova s’en inspire dans sa sculpture Thésée vainqueur du Minotaure de 1782-1784, tout comme les peintres néo-classiques Charles-Edouard Chaise et Jean-Baptiste Peytavin.
Le mythe arrive jusqu’au pinceau de Pablo Picasso, qui emprunte le personnage du Minotaure ainsi que ces pulsions passionnelles et amoureuses auxquelles il s’identifie. Vers les années 1930 débute une grande série où l’on retrouve l’artiste représenté sous forme de Minotaure. Seul et coiffé d’un masque comme dans la photographie de Edward Quinn ou dans les bras de ses amantes, enclin de désirs animaliers, l’artiste et son sujet vont jusqu’à se confondre. Le dessin au fusain Minotaure et nu de 1933 fait fusionner les membres d’une dormeuse et du monstre, la femme abandonnant son corps comme pour satisfaire les tentations charnelles de la bête. Le Minotaure est amoureux et Pablo Picasso aussi : cette série débute après la rencontre de l’artiste et de sa nouvelle muse, Marie-Thérèse Walter. Honoré de Balzac assimile le Minotaure à la figure transgressive de l’amant, que Pablo Picasso incarne lui même, et transpose également dans ses oeuvres afin construire et nourrir le mythe du Minotaure.
Texte: Marilou Mercier
Visuel: Pablo Picasso, Minotaure et nu, 12 décembre 1933, Fusain sur papier, 47,5×62 cm, Collection particulière