Le Collège des Bernardins accueille dix-neuf peintures de l’artiste résident Augustin Frison-Roche, qui investit la nef et la sacristie de ses oeuvres aux accents symbolistes dans l’exposition « Épiphanies ».
/// Emma Boutier
Lundi dernier, les Chrétiens ont célébré l’Épiphanie, fête religieuse commémorant la venue au monde du Messie et sa visite par les Rois mages. Augustin Frison-Roche livre une représentation monumentale de cette scène de l’Évangile selon Matthieu, qui clôt l’exposition dans l’ancienne sacristie du collège des Bernardins. Grâce à une habile maîtrise du glacis, il rassemble aux côtés de Gaspard, Balthazar et Melchior une foule se pressant vers un Christ isolé, allongé au sol. La superposition des couches d’huile autorise notre oeil à discerner conjointement tous ces éléments de la Création, traduisant l’ouverture du christianisme au monde.
C’est au sens large que l’artiste a décidé d’imager l’épiphanie, d’où l’emploi du pluriel dans le titre de l’exposition. Aux côtés de cette adoration des mages, les représentations des deux autres épiphanies liturgiques contribuent à étendre la portée du terme. Augustin Frison-Roche donne son interprétation des noces de Cana, épisode durant lequel le Christ aurait accompli son premier miracle en transformant l’eau en vin, et de l’apparition du Saint Esprit lors du baptême du Christ sous la forme d’une colombe descendant des cieux.
« L’épiphanie est un manifeste artistique, car l’art devrait toujours être une apparition, un surgissement de quelque chose d’autre par les moyens des couleurs et des formes, un signe visible de l’invisible », Augustin Frison-Roche.
L’artiste nous amène à penser l’épiphanie comme une représentation transcendante avec La forêt est devenue une immense basilique, série de 7 panneaux de bois alignés le long de la nef du Collège et traçant le chemin vers la sacristie. Des variations de lumière y manifestent l’existence d’une réalité supérieure imprégnant une forêt, dans laquelle se dressent des colonnes qui font écho à l’architecture du lieu et à ses fameuses voûtes en croisée d’ogives. Le sacré coexiste avec la nature, éclairant et transformant les environs avec douceur.
On est ainsi dirigé vers l’entrée de l’ancienne sacristie, surmontée par un tondo décoré d’une étoile dorée, comme pour signaler au visiteur qu’il s’apprête à découvrir des scènes bibliques.
Là, une série figurant les sept jours de la Création fait face aux trois épiphanies liturgiques. La genèse y est narrée en sept tableaux, à la manière du Poème de l’âme de Louis Janmot. L’usage de la feuille d’or offre un contraste saisissant avec les couleurs diluées, signifiant l’intensité de la présence divine, et actualisant l’épiphanie.
Dans un accrochage en harmonie avec la beauté du lieu, les oeuvres d’Augustin Frison-Roche renouvellent singulièrement l’art sacré tout en condensant des siècles d’histoire de l’art, de la fresque romaine à Gustave Moreau.
Collège des Bernardins
- Adresse : 20 Rue de Poissy
- Code postal : 75005
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 53 10 74 44
- Site Internet : https://www.collegedesbernardins.fr/