Alors qu’approche le centenaire des Nymphéas de Claude Monet, la Galerie Strouk nous offre une plongée dans l’exogenèse d’une oeuvre qui marqua une transition dans l’histoire de l’art du XXe siècle.
/// Emma Boutier
Cet ensemble de 250 tableaux occupa Monet pendant plus du tiers de sa vie, marquant à lui seul l’ultime période du maître. Dernier mot de l’artiste, les Nymphéas sont à la fois un manifeste de l’Impressionnisme et un aveu de son épuisement. Il semble, aujourd’hui, qu’elles contenaient les moyens de leur dépassement, dont de nombreux artistes se sont emparés.
Cette nouvelle exposition explore leur postérité à travers ses expressions les plus contemporaines. La Galerie Strouk a composé une sélection d’oeuvres qui font entendre différents échos du tableau, enrichissant son infinie portée et appelant à de nouvelles lectures.
La leçon d’un maître
Entre les mains de Vincent Beaurin, le motif achève sa dissolution. Attentif aux innovations du peintre, l’artiste poursuit le travail de la matière et de la couleur en le transposant sur un support radicalement différent. Sur ses structures en polystyrène, la lumière de Monet renaît sous une autre forme.
Devenir image
Les Nymphéas réapparaissent dans les réminiscences d’Orsten Groom. Il reprend la double fonction attribuée à la surface dans l’œuvre de Monet – à la fois motif et dispositif pictural – pour en faire une image en soi, mais aussi le fond sur lequel se déploie un réseau d’images, qui se rencontrent sans jamais s’être croisées. Sur l’onde de Monet flottent des décennies d’histoire de l’art.
Sous les Nymphéas
Vincent Gicquel, lui, se projette dans l’envers du décor. Ses figures ectoplasmiques habitent un espace subaquatique dont la palette est empruntée à Monet. À la fois concret et symbolique, cet espace évoque autant le fond du bassin que les limbes de l’esprit du peintre, hantés par les morts de la Grande Guerre.
Rien, a priori, dans Les Nymphéas, ne renvoie directement à cet arrière-plan historique. Mais Gicquel en propose une lecture contextualisée, ouvrant l’œuvre à des enjeux extra-artistiques. Il opère ainsi un mouvement inverse à celui de Monet, qui se dirigeait vers l’autonomie du tableau.
Avec cette sélection éclectique, la Galerie Strouk acte les Nymphéas comme le préambule d’un formalisme en devenir, et en propose une relecture au prisme du contexte qui les a vu éclore.
Avec Vincent Beaurin, Marlène Mocquet, Ludivine Gonthier, Vincent Gicquel, Christophe Doucet et Orsten Groom
Galerie Laurent Strouk
- Adresse : 2 avenue Matignon
- Code postal : 75008
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 40 46 89 06
- Site Internet : http://www.laurentstrouk.com
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