Terrence Musekiwa – Notions of time

Au travers des œuvres de Terrence Musekiwa, le passé n’est pas mort : il revit, se transforme, il palpite sous les pierres et murmure aux creux d’un combiné téléphonique maintenant désuet, il s’insinue dans les creux du cuivre et du jaspe rouge. Avec cette exposition, l’artiste zimbabwéen propose une médiation sculpturale dense, à la croisée du du sacré et du profane, de la mémoire et du réel. 

Ses sculptures, comme des totems, semblent écouter le temps. Lisses, rugueuses, taillées dans l’opale, la serpentine ou la springstone, elle semblent s’infiltrer dans le temps, et dérégler l’horloge.

Ces sculptures deviennent les visages muets d’un héritage ancestral, autant que les témoins d’un monde qui mute. À leurs côtés, d’anciens téléphones à cadran veillent. Muets eux aussi, ils dialoguent pourtant, en tant qu’icônes d’une modernité fanée.

Parmi les œuvres phares de l’exposition, Muzvuva mhosva capte immédiatement le regard. Trois mains en fil de cuivre torsadé et en laiton poli, figées en plein mouvement comme en pleine marche, forment un triangle fragile autour d’un unique cauri lumineux. La composition, aussi élégante que symbolique, repose sur une base de springstone où sont sculptés trois cœurs discrets, chacun tourné vers un temps : le passé, le présent et un futur à peine esquissé. Dans ce geste sculptural, Terrence Musekiwa interroge notre rapport au temps, à la transmission, mais aussi à la responsabilité que chaque époque porte envers l’autre.