À La Fab, Futura 2000 fait dialoguer graffiti et abstraction

Du 25 avril au 19 octobre 2025, La Fab. d’agnès b. présente une rétrospective majeure dédiée à Futura 2000, pionnier du graffiti new-yorkais. Cette exposition réunit plus de 60 œuvres emblématiques de l’artiste, produites entre 1984 et 2024, illustrant la fusion du street art et de l’art contemporain.

// Astrid Vialaron 

À la fin des années 1980, alors que le street art commence tout juste à entrer dans les circuits de l’art contemporain, la styliste repère le potentiel d’un artiste encore largement associé à la rue. Ce regard permet à Futura de s’installer durablement à Paris et de faire évoluer son travail dans de nouveaux espaces.

« agnès b. a toujours cru en moi », raconte Futura. « Elle m’a permis de sortir du milieu du graffiti pour m’exprimer ailleurs, dans un cadre plus ouvert. Elle a toujours eu cette capacité à voir l’art avant tout, sans préjugés. »

Ce lien ne s’est jamais rompu. Dès 1989, la Galerie du Jour, fondée par agnès b., est l’un des premiers lieux en Europe à accueillir les œuvres de l’artiste. Ce geste — à l’époque audacieux — marque le début d’un dialogue entre la scène urbaine et l’art institutionnel que la styliste défendra tout au long de sa carrière.

« Futura est un virtuose. Il maîtrise la bombe comme personne. C’est un monstre sacré, un dieu pour tous les graffeurs », affirme-t-elle encore aujourd’hui.

Pionnier de la peinture urbaine, Futura 2000 a vu évoluer la réception de ce champ artistique depuis sa plongée au cœur de celui-ci, à New York, dans les années 1980. Au début de sa carrière, il peint derrière The Clash, puis il expose aux côtés de Basquiat, Haring, Rammellzee, et se place finalement en héritier des fondateurs de l’action painting. Inscrit dans cette mouvance avant-gardiste new-yorkaise de la fin du XXe siècle, il choisit, plutôt que de cloisonner les médiums et de limiter sa pratique, d’élargir le graffiti à d’autres champs créatifs et à des espaces qui lui étaient autrefois imperméables (les défilés de mode, les galeries, et les institutions).

Dans ses tableaux, par une maîtrise certaine de l’abstraction, il nous expose la sincérité des gestes, le constat de réalités sociales américaines, mais on accède aussi à des récits futuristes. Presque apocalyptiques, certaines toiles évoquent un chaos qui s’installe dans le paysage urbain, où la fragmentation du monde moderne se mêle à une énergie brute, créant une tension visuelle entre l’ordre et la désolation, l’espoir et la destruction.

Visionnaire, les œuvres de Futura sont comme des fenêtres ouvertes sur d’autres univers, où des atomes gravitent, des tâches et des reliefs flottent dans les espaces, et où les éclats de couleur ont chacun une signification propre, un langage silencieux qui invite à l’exploration intérieure.

Découvrez les œuvres de Futura à La Fab, jusqu’au 19 octobre 2025.