Applicat-Prazan à la Fiac OVR 2021

Applicat-Prazan à la Fiac OVR 2021

Du 2 au 7 mars 2021, Applicat-Prazan participera à la première édition numérique de la FIAC où sera présentée une sélection de tableaux de grands peintres européens ayant travaillés à Paris dans une exposition intitulée : All kinds of red! Five works ! Four painters! Three countries of birth! One place: Paris!

Martin Barré, 82-84, 1982-1984. Acrylique sur toile. Signée et titrée au dos. 108 x 102 cm. © Applicat-Prazan

Ouvrons le bal avec un tableau dit musicaliste du peintre d’origine russe, Serge Charchoune. Auditeur assidu des concerts Colonne depuis 1912, le peintre aborde une série sur le thème de la musique à partir du début des années 50. Il privilégie alors progressivement les camaïeux, les monochromies et les variations blanches desquels surgissent des courbes et des signes. «La musique me donne le thème. En écoutant la musique, je vois la peinture les yeux fermés, comme un filon coloré qui se déroule, je la vois d’abord avec des couleurs primitives et mon tableau est commencé très coloré. J’écoute et fais des traces télépathiques sur la toile. Ça devient ornemental. Je commence à cracher de la couleur et ça devient très décoratif, très coloré.» (entretien avec Michel Ragon, «Jardin des Arts» septembre 1966).

C’est par sa maîtrise extraordinaire de la couleur que Maurice Estève marque la peinture. Des couleurs orchestrées, comme disait Jean Leymarie, mais jamais préméditées. Toute l’organisation des dessins, des collages, des aquarelles ou des peintures est le propre de l’instant de la création. « Je ne me sers jamais d’esquisse, je peins directement sur la toile, sans dessin préalable. La couleur s’organise en même temps que les formes. Tout se cherche dans le format en chantier… Chaque œuvre est une suite de métamorphoses »… (Estève, Zodiaque, avril 1979). Une métamorphose, qui comme les peintures, s’opère aussi dans la création des titres des œuvres. Langolem est une invention propre à révéler et à accompagner l’œuvre peint dans l’existence d’une autre réalité, plus intérieure.

Maurice Esteve, Langolem, 1978. Huile sur toile. Signée et datée en bas à gauche ; titrée, signée et datée au dos. 60 x 73 cm. © Applicat-Prazan

Artiste inclassable et exigeant, Martin Barré suit une voie singulière dont le fil conducteur est une réflexion sans cesse renouvelée sur la problématique du fond, et de l’espace. Il s’inscrit dans la ligne tracée par Mondrian et Malevitch : « Toute la peinture me semble aboutir au carré blanc sur fond blanc de Malevitch, et repartir de là. » Sa démarche va le conduire à libérer progressivement la surface de la toile. Sont ici présentés deux tableaux de périodes différentes : le premier de 1955 est l’objet d’une abstraction singulière, ni informelle ni géométrique. Sa peinture est vite remarquée comme l’une des plus ambitieuses du moment en cherchant davantage à révéler l’espace qu’à produire des formes. Le second tableau de 1982 correspond à une période où la figure, qu’avait éliminée la prédominance de la ligne durant les années 1960, revient au premier plan. Avec la figure, c’est aussi la couleur qui s’affirme, et tout d’abord dans la série 80-81 aux subtiles couleurs pompéiennes, puis dans les ultimes séries, où sur des blancs très légèrement colorés, la figure et la couleur s’identifient l’une à l’autre. Durant cette période, la peinture de Martin Barré emprunte les voies de l’abstraction géométrique et ré-instaure le traditionnel rapport figure / fond, qu’elle s’était efforcée de déjouer depuis toujours, sans toutefois engendrer une illusion de profondeur du champ pictural.

Victor Vasarely reste dans l’histoire comme l’inventeur de l’art optico-cinétique. Vasarely se forme à Budapest au contact des avant-gardes historiques. En 1948, l’artiste se rend pour la première fois à Gordes et, sous le soleil de la Provence, il fait une découverte capitale dans le développement de son œuvre : la géométrie angulaire du site et les puissants contrastes d’ombre et de lumière qui engendrent des jeux optiques et déstabilisent la vision. À l’orée des années 1960, Vasarely ouvre le chantier de ce qu’il appelle l’« alphabet plastique », constitué d’un lexique de six formes géométriques simples incrustées dans des carrés de couleur pure, les « unités plastiques ». Retrouvant l’un des rêves fondateurs de l’abstraction, il ambitionne de créer un langage visuel à portée universelle et offre ainsi à la société mondialisée les moyens d’engendrer un nouveau « folklore planétaire ». C’est un nombre presque infini de combinaisons que le jeu des formes et des couleurs autorise, susceptibles de multiples applications. Vasarely s’en assure la maîtrise par des méthodes de permutation et de programmation qui reflètent son intérêt pour la cybernétique et donnent à ses tableaux un aspect digitalisé avant l’heure.