Représentant de la première génération de graffeurs français, Shuck One s’empare dès 1986 des murs et des artères souterraines de la capitale. Son nom est alors omniprésent sur les lignes 2, 9 et 13, des lignes stratégiques du métro parisien, qui lui valent rapidement le titre de « king of subway », mais ouvrent aussi bientôt à la découverte d’un univers artistique plus vaste et plus personnel.
En 1990, il fonde l’association Basalt, collectif de graffeurs parisiens dont la puissance créative et le dynamisme marquent la décennie : sous le regard de la ville entière, l’expression murale gagne ses lettres de noblesse. Dès 1991, cette créativité nouvelle est largement saluée lors de l’exposition « 10 ans de Graffiti Art » au Palais de Chaillot, qui réunit les grands noms du graffiti français et américain. Jusqu’en 1995, Basalt assurera le rayonnement d’une identité proprement française à travers de nombreuses collaborations et manifestations en France et en Europe.
Au début des années 90, sans renoncer au mur, Shuck commence à privilégier la toile. Les contours de ses lettrages tendent alors à se fissurer et à se dissoudre au profit du développement d’une abstraction profondément singulière. Enfin offerte à la pérennité de la toile, ses œuvres entrent très vite dans les collections publiques et privées. Alors qu’elle explore d’autres supports que l’espace urbain, la peinture de Shuck One n’en reste pas moins en prise avec des préoccupations d’abord humaines et sociales. Tout en mettant l’individualité de l’artiste au centre de son geste artistique, son travail vise, au-delà de toute frontière, à l’émancipation sociale et culturelle de l’individu.
Julia Delhomme