Carol Riu, Re dessiner le monde

Carol Riu, Re dessiner le monde

Du 20 mars au 8 avril, la Galerie L’Oeil du Huit présente les œuvres de l’artiste Carol Riu dans une exposition intitulée Redessiner le monde, qui nous emporte dans un univers imaginaire et candide.

Que dessineriez vous si vous aviez le pouvoir de créer un nouveau monde ? Carol Riu nous répond, avec ses crayons, par des esquisses grises mêlées aux couleurs pâles, venant habiter timidement la page blanche. Des créatures géométriques et magiques apparaissent au milieu de la feuille, dans un assemblage de petites formes. Papillons, êtres elfiques, coquillages, cerfs et autres personnages émergent, s’enlaçant sur un même plan. Un univers merveilleux fait surface doucement, et s’enroule dans une forme comme dans une bulle. Les contours de cet chrysalide sont cernés d’ombres estompées, donnant l’impression d’un monde léger et fragile comme un nuage de poussières. A l’intérieur, le trait du crayon est fin, délicat, minutieux dessinant des motifs qui rappellent ceux des ailes du papillon. 

Comme le papillon, tout est transformation, mutation, métamorphose dans le travail de Carol Riu. Ainsi, le figuratif s’extirpe t-il de l’abstraction, ou vice versa. Au bord des sphères synaptiques, des bras, des jambes, des pattes pointent le bout du nez. Comme dans un poème d’Ovide, les femmes se changent en arbres, en feuilles ou en insectes, prenant racine dans la page blanche. L’univers de l’artiste évoque celui des mythes cosmogoniques, de l’Égypte à la Grèce Antique, en passant par les dessins de la Préhistoire. De l’informe vers la matière, de la matière vers la figure, ce n’est pas tant un nouveau monde qui est présent à nos yeux que la création de ce monde. Carol Riu rend visible le processus, et représente le mouvement de la vie au sein de la forme fixe du dessin, grâce à son trait fragile et à ses courbes sinueuses qui semblent se perdre dans le vent. 

C’est peut être parce que le travail de Carole Riu attrait à l’imaginaire et à l’origine, qu’il évoque tant les contes d’enfants. Plongez dans un de ses dessins, comme vous plongiez, petits, dans les belles images des livres dont vous ne déchiffriez pas encore les mots. Prenez part à ce voyage dans une contrée reposante, où les monstres semblent bienveillants. Dans cet univers fantasmagorique, tout s’avère possible. Aucun déterminisme à être homme ou escargot, nous pouvons être les deux en même temps, sans contradiction. Dans une époque peuplée d’images chocs, se voulant être le reflet d’une réalité violente, les dessins de Carol Riu nous invitent à nous retrancher, et à imaginer quelque chose de plus doux. 

Texte : Elodie Réquillart

Crédit visuel : Carol Riu, Les Femmes hybrides : papillons, aquarelle et dessin