Cimabue, l’éveil de la peinture italienne

Cimabue, l’éveil de la peinture italienne

Précurseur du naturalisme pictural, maître de Giotto, Cimabue initia un nouveau mode de représentation, porté au firmament par ses successeurs. Le musée du Louvre revient sur ce moment de bascule dans l’histoire de la peinture. 

 

 

/// Emma Boutier

 

 

Comme tout bon maître observe par-dessus l’épaule de ses élèves, Cimabue occupa longtemps cette position de retrait. Demeuré à l’ombre des édifices de ses successeurs, l’état des connaissances sur le peintre florentin est encore très lacunaire.

Toutefois, l’exposition n’entend pas dresser le portrait du mystérieux Cimabue. Partant de la splendide Maestà, le parcours éclaire les composantes de son éclatante modernité en déroulant les fils qui conduisent vers les tableaux parallèles. En réunissant des sources ou expressions plus tardives, la sélection confirme le statut d’oeuvre pivot de cette toile fraîchement restaurée.

 

 

Cimabue, Maestà APRES restauration © C2RMF, Thomas Clot

 

 

Le choix du naturalisme

L’imagerie italienne au XIIIe est dirigée par un vent venu d’Orient. L’émulation artistique de l’Empire byzantin se manifeste à Pise, où l’icône, altière et figée, est érigée en canon. En marge du champ pictural, des manuscrits circulent, illustrés par des scènes plus proches du registre de la mimèsis antique. En s’inspirant de ces enluminures, Cimabue opère un renversement de la hiérarchie artistique pour bâtir une nouvelle représentation ancrée dans le réel.

Les tableaux de dévotion d’inspiration byzantine devaient être un écran du monde sacré. Par conséquent, les figures étaient délibérément éloignées de la réalité anatomique, pour marquer leur appartenance à une temporalité dissemblable. Cimabue initie une rupture en prenant la nature pour référentiel, créant des personnages humanisés occupant un espace presque tridimensionnel.

 

Peintre byzantin, Madone Kahn. Courtesy National Gallery of Art, Washington

 

 

Des accents orientalisants

Si l’influence orientale ne préside plus à la représentation, des éléments de la composition révèlent l’intérêt du maître florentin pour l’art islamique : Cimabue a tapissé les nimbes dorés d’un réseau de signes inspirés de l’alphabet arabe, que l’on retrouve également en bordure de la composition. De même, les motifs qui ornent le drapé recouvrant le fauteuil de la Vierge se font l’écho des bacini —fragments de céramiques islamiques incrustés dans les façades des églises toscanes.

 

 

Cimabue, La Dérision du Christ, APRES restauration © GrandPalaisRmn (musée du Louvre), Gabriel de Carvalho

 

 

Preuves de l’importance de la rupture initiée par la Maestà, des peintures hagiographiques de Duccio et Giotto enrichissent le parcours. Prenant la vie quotidienne comme toile de fond, elles poursuivent les innovations du maître en appelant l’implication émotionnelle du spectateur.

Bien que les informations sur Cimabue restent limitées, l’exposition parvient à le réhabiliter comme le catalyseur d’une nouvelle dynamique artistique. En introduisant chez les artistes le souci du renouvellement, il provoqua l’éveil brutal de la peinture italienne, qui n’a alors cessé de se réinventer.

 

Musée du Louvre

  • Adresse : Entrée Pyramides, entrée Richelieu, entrée Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli
  • Code postal : 75001
  • Ville : Paris
  • Pays : France
  • Tel : 01 40 20 50 50
  • Site Internet : www.louvre.fr
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