Daniele Steardo  : Solo 

Daniele Steardo  : Solo 

L’enfant spirituel de David Hockney et Edward Hopper à l’honneur dans une exposition de toiles acryliques à la Galerie Molin Corvo. À découvrir jusqu’au 11 novembre 2023. 

                                                                                                                                                                                                   /// Nora Djabbari

 

Dans l’intimité d’une chambre ou à l’ombre d’une forêt, des silhouettes sculpturales à la moue pensive. L’air calme, parfois taciturne, ces personnages curieux semblent nous fixer mais ne nous regardent pas… 

 

Vue de l’exposition – Bivio, au loin, 2013, Daniele Steardo

 

On ne perçoit aucune trace de lumière naturelle dans ces moments nocturnes. C’est un long moment dans la nuit, une obscurité dense qui semble révéler des secrets que nous sommes les seuls à ne pas connaître. Le temps est comme suspendu. Que se cache t’il derrière ces figures, froides et silencieuses ? Assises ou dans un mouvement éternellement figé, elles se complaisent dans une solitude qui se diffuse dans toutes ses toiles. 

 

Vue de l’exposition – Moi, grand mère et Simeon du desert, 2019, Daniele Steardo

 

Parfois, l’artiste peint des couples qui s’opposent et créent du contraste, sans doute pour exprimer le caractère insaisissable de l’autre et la tragédie de l’amour qui s’éteint. À l’image de son tableau “Maladies d’amour” aux couleurs verdâtres et criardes, un homme et une femme à la proximité ambiguë. 

 

Vue de l’exposition – Bang, 2013, Daniele Steardo

 

Sculpteur talentueux, l’artiste s’est orienté depuis peu vers la peinture, donnant naissance à une nouvelle production. Dans cette exposition personnelle et intime, Daniele Steardo nous livre une œuvre atmosphérique et singulière. Né à Gênes en Italie, il grandit dans une ville portuaire animée, et passe une enfance paisible ponctuée par des promenades boisées. “Ces balades avec mes parents dans la forêt, ces moments à se promener durant des journées avec personne autours, en toute solitude, cela fait sûrement partie des meilleurs souvenirs de ma vie”, explique t-il. 

 

Vue de l’exposition – Le calme plat, 2013/2015, Daniele Steardo

 

Lorsque la nature jouxte ses toiles, elle se pare de formes ondulantes et souples, s’opposant ainsi au cubisme formel des personnages humains. Dans Maladie d’Amour II, les arbres s’étirent vers le ciel, dansant au rythme du vent, et les feuilles forment une masse mousseuse. Les nuances de vert et de bleu nous rappellent celles des vêtements des figures, absorbées dans leur monde intérieur, insaisissable.

 

Vue de l’exposition – Le mosche, 2013, Daniele Steardo

 

“Je m’inspire de tous les artistes”, soutient Steardo. 

Son travail aux influences multiples peut nous faire penser à Christian Schad, pour sa sophistication apportées aux détails et l’aura énigmatique qui anime les femmes de ses toiles, mais également au réalisme magique de Mario Sironi. Mais enfin, ce qui nous marque, c’est cette attention extrême portée aux plis, héritée de sa formation de sculpteur à l’Ecole des Beaux Arts de Gênes. 

 

Vue de l’exposition – le pied de l’artiste, 2014, Daniele Steardo

 

Sa technique, spontanée, parvient par moments à capturer la réalité de manière morcelée. Daniele Steardo crée d’abord des tracés à grande échelle sans aucune étape préliminaire, qui sont ensuite superposés à des tracés de plus petite envergure. Les couleurs des toiles s’inspirent de la lumière artificielle de la nuit, moment privilégié de l’artiste pour peindre, ce qui confère à ses toiles une ambiance feutrée. 

 

Finalement, Daniele Steardo s’affirme dans la scène contemporaine par son talent technique, ainsi que par sa capacité à susciter l’introspection et le mystère et signe une exposition maîtrisée. 

 

Galerie Molin Corvo