D’un pont à l’autre

D’un pont à l’autre

Du 13 avril au 30 juin, la Galerie Béatrice Bellat présente les œuvres de multiples artistes d’époques et de styles divers, autour d’un thème, propre à relier : D’un Pont à l’autre. 

Il est l’ouvrage témoin de l’intelligence humaine par excellence, qui à l’aide d’art et de technique, dépasse les contraintes imposées par la nature : le pont de l’Alma, comme souvenir historique de la bataille de Napoléon, le pont aérien du métro parisien qui dé-grisonne l’intérieur de la rame, le pont-neuf qui scelle définitivement les amants, le petit pont de bois sur lequel trébuche le pied mal averti… Les ponts sont nombreux, et pourtant jamais identiques. Leur représentation n’en est que plus éclectique. 

Sur le pont d’Avignon coule la Seine… C’est un refrain loufoque, métissé et pourtant mélodieux qui nous emporte le long du parcours de l’exposition. Car, après tout, le pont marque la continuité entre deux espaces pourtant séparés. L’exposition érige, donc, des ponts, entre les ponts, pour proposer un itinéraire à travers les artistes, les styles et les époques. Ainsi pouvons-nous contourner les obstacles et continuer notre route, d’une rive à l’autre, de façon fluide. Un voyage dans l’histoire de l’art d’hier et d’aujourd’hui, qui entame un dialogue entre des artistes du XXe siècle, et des artistes émergents. Du fauvisme au street art, il n’y a qu’un pont. 

Dans un style géométrique tranchant chargé de lignes et de motifs issus de la pop culture, Drag’, graffiti artiste, né à la fin des seventies, peint les ponts aériens du métro parisien, colorés de jaune, bleu, et rose saturés, qui rappellent l’ambiance des dessins-animés vintage. Sur un fond digne d’un Tetris, un Bugs Bunny à l’allure rock’n roll menace Montmartre d’un revolver, sous un ciel psyché nuageux, tout cela dans une construction de lignes rigoureusement parallèles : voilà un aperçu de l’univers fourmillant de l’artiste, aussi bien inspiré par les grandes figures hollywoodiennes, que la variété française de Serge Gainsbourg à Georges Brassens. Non sans humour, ses toiles invitent à un jeu de piste ludique et satirique, en suivant les figures de la culture pop coincés dans ses toiles, comme nous le serions dans le métro un jour de grève, entre exaspération et folie collective. 

Un petit pont dans le temps, et nous voilà face à des couleurs vertes, bleues et oranges qui estompent les formes dans la matérialité de la peinture de Jean Prevost. Les larges touches de pigments esquissent les ponts de la Seine, dans un paysage paisible et ensoleillé. La couleur vive et pétillante est ravissante : l’architecture devient florale. La nature se confond avec les charpentes et les sculptures dans dans une verve fauve et expressionniste. L’artiste, né en février 1934 nous donne à voir un Paris quasi pastoral au pays de la touche pictural, loin de l’agitation postmoderne. D’une toile et d’un artiste à l’autre, le pont mène finalement toujours à un autre voyage. 

Artistes présentés : Jean Prévost, Drag’, Donna Flandrin, Jacques Léonard, Véronique Véron, Valérie Buono, Cyril Reguerre, Jacques Simonin, Vera Di Bianca, André Margat, Cyril Reguerre

Texte : Elodie Réquillart 

Crédit Visuel : Drag’, graffiti sur toile