Explosion de couleurs à la Fondation Louis Vuitton avec David Hockney 25

La monumentale exposition dédiée à l’artiste britannique David Hockney, véritable voyage à travers une œuvre sans pareille, est à découvrir à la Fondation Louis Vuitton jusqu’au 31 août 2025.

 

// Astrid Vialaron

“Do remember they can’t cancel the spring”

David Hockney

 

 

Deux ans de préparation, onze salles investies, des dizaines de portraits et de paysages, des airs de famille, des saisons qui passent en couleurs… C’est ce qui a permis une telle exposition : une plongée dans un printemps florissant, symbole de renouveau et de fraîcheur. Au fil du parcours, on revient sur les œuvres réalisées au cours des vingt-cinq dernières années par un artiste à l’œil affûté, dont le regard si chaleureux a enveloppé bien des paysages et des visages pour donner naissance à des tableaux qui ressemblent à des utopies — des ouvertures vers des mondes lumineux et possibles. On navigue entre les galeries, comme entre les époques et les villes ; on admire l’éclat des eaux de la Californie, la verdure des plaines du Yorkshire, celles, plus fleuries, des terres normandes.

 

L’œuvre de l’artiste britannique est protéiforme, mais un style demeure : celui qui lie la figuration à une interprétation intime du réel, qu’il magnifie avec une certaine maîtrise des couleurs et du récit, à la croisée du pop art, de l’impressionnisme, du post-impressionnisme et de l’hyperréalisme. 

Hockney affirme une patte figurative dès les années 1950, aux antipodes des tendances plus abstraites et conceptuelles de l’époque. Il éprouve le réel et tient à le partager dans une palette vibrante. Ses piscines deviennent un leitmotiv, symbole récurrent d’un optimisme américain du XXe siècle, d’une philosophie du “cool”. Autre leitmotiv : ces portraits, comme des vues sur des personnages mystérieux mais accessibles. Les paysages aussi, par un jeu de perspectives, s’offrent à nos yeux, mais ils sont comme enrobés d’un filtre magnifiant. Les violets, les oranges et les rouges sont comme des touches surnaturelles qui se glissent dans cette représentation du réel, et permettent une insertion dans un univers vivant.

 

Au travers de cette exposition, on explore aussi l’expérimentation constante de l’artiste. Hockney commence par la peinture traditionnelle, à l’acrylique et à l’huile, avant de s’intéresser aux outils numériques comme l’iPad, qu’il intègre naturellement à sa pratique. Ces nouvelles techniques lui permettent d’enrichir son travail, en jouant avec les possibilités offertes par la technologie tout en conservant son style singulier. L’exposition revient également sur ses décors et costumes d’opéra, où il mêle peinture, dessin et installation spatiale pour créer des univers visuels complets, à la croisée des arts.

Dans la Galerie 10, l’immersion atteint son apogée avec la toute nouvelle création de l’artiste, Hockney peint l’opéra, une réadaptation musicale et visuelle conçue spécialement pour cette salle. Installés au sol, les visiteurs assistent au déploiement en musique des décors de 7 spectacles, tels que La Flûte enchantée de Mozart à Glyndebourne (1978), Turandot de Puccini au Lyric Opera de Chicago (1992), ou encore de Tristan et Isolde de Wagner au Los Angeles Music Center Opera (1987), tous réalisés par Hockney. Et la magie opère. Les images s’animent, les sons enveloppent l’espace, et l’univers de l’artiste devient un théâtre total, où peinture, musique et lumière fusionnent dans une expérience sensorielle inédite — écho aux impressions ressenties tout au long du parcours.