Fernand Khnopff, le maître de l’énigme

Fernand Khnopff, le maître de l’énigme

Du 11 décembre 2018 au 17 mars 2019, le Petit Palais et les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique nous invitent à rencontrer Fernand Khnopff, le maître de l’énigme au sein de son « Temple du Moi » reconstitué. Une exposition monographique symboliste mais pas que.

 « Le Temple du Moi » : voici comment l’artiste belge Fernand Khnopff surnommait lui-même sa maison-atelier avenue des Courses à Bruxelles. Au fil des dix salles teintées de bleu, de noir, de blanc, de gris et d’or, la vie du peintre symboliste se révèle en images, en sons et en parfums. Si l’Histoire de l’Art réduit généralement Fernand Khnopff à sa peinture symboliste, l’exposition du Petit Palais souligne également son travail photographique ainsi que la place centrale qu’occupent les humanités dans ses recherches.

Les grilles de la maison s’ouvrent sur les paysages de Fosset, souvenirs mélancoliques de vacances heureuses en familles dans les Ardennes belges. Alors qu’une photographie contemporaine indigo de Hiroshi Sugimoto annonce déjà l’importance de ce médium dans l’œuvre de Fernand Khnopff, les portraits intimistes des proches de l’artiste, d’enfants et de modèles préraphaélites nous regardent franchement, comme des miroirs de nous-mêmes qui les dévisageons avec insistance. Les traits de Marguerite Khnopff, sœur et muse du peintre, nous accompagnent désormais et ne nous quitteront plus.
Modèle fétiche de son frère, Marguerite apparaît dans la projection du tableau Memories, dans les portraits photographiques des divinités orientales et princesses de légéndes, ainsi que dans les tableaux symbolistes, comme un fil rouge, comme si elle était la clé de l’énigme Fernand Khnopff. Les clichés d’Albert-Edouard Drains dit Alexandre immortalisent des œuvres perdues telle que Sybille et surtout soulignent le processus créatif de Fernand Khnopff qui rehaussent ses tirages de craie, d’aquarelle ou de pastel, conférant ainsi à un médium alors scientifique la qualité de technique artistique.

Devant l’objectif puis sur la toile, le peintre présente Marguerite à Hypnos. La figure du dieu grec du Sommeil obsède Fernand Khnopff, qui le place notamment au centre du célèbre tableau I Lock My Door Upon Myself. Les portraits d’Hypnos distillent une impression ésotérique au sein de l’exposition, comme s’ils cherchaient à nous initier au secret qui entoure Fernand Khnopff. Cette sensation étrange se répercutent dans les nus de l’artiste, images d’un « éternel féminin » androgyne, vertueux et idéal. A côté de la fière et sensuelle Acaria, les femmes de Klimt semblent « en proie aux tourments de la chair ». Voici révélée la méfiance de Fernand Khnopff à l’égard des femmes, qu’il semble d’ailleurs associer à la notion de secret. En témoignent les nombreuses vues nostalgiques de Bruges auxquelles ils superposent régulièrement un visage féminin. Car la  femme demeure au cœur de l’œuvre de Fernand Khnopff : à la fois modèle, beauté, danger et symbole.   

 

Texte : Marie-Amélie Muriel

Crédit : Anne-Laure Péressin, Vue de l’intérieur de l’exposition

 

 

L’article est à paraître dans le magazine L’Officiel des Galeries & Musées n°92 !

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