Hiroshi Harada, Antoni Ros Blasco & Michel Salsmann, Trois artistes après 30 ans

Hiroshi Harada, Antoni Ros Blasco & Michel Salsmann, Trois artistes après 30 ans

Du 21 octobre au 24 novembre, la galerie Grand E’Terna présente l’exposition Trois artistes après 30 ans ; un dialogue culturel et intellectuel entre trois figures artistiques singulières que sont Hiroshi Harada, Antoni Ros Blasco, et Michel Salsmann. 

Né au Japon en 1942, Hiroshi Harada peint des toiles dont le blanc est au commencement ; un blanc qui n’est ni vide ni simple fond, mais au contraire une sorte de métaphore du champ de tous les possibles. Sur cet aplat symbolique, l’artiste japonais dessine les formes – géométriques – et instille la couleur – le rouge et le jaune sont récurrents, le vert et le bleu osent parfois une percée –, tandis que le noir semble imposer les limites. L’oeuvre de Hiroshi Harada est profonde, au sens propre comme au figuré ; la lumière émerge comme pour en définir les contours. Loin de n’être que constructivisme, l’oeil aguerri y décèle harmonie et poésie d’esprit. 

Antoni Ros Blasco, peintre né à Barcelone en 1950, propose une peinture épurée, réalisée exclusivement à l’huile, qui fascine dès le premier regard par sa dimension existentielle. Sur l’une de ses toiles par exemple, surgissent au coeur d’une nuit noire trois silhouettes (dont les tailles évoquent la représentation d’une famille), étonnamment lumineuses et fragiles sur ce fond sombre et opaque. Antoni Ros Blasco se plaît ainsi à confronter la matière issue des couleurs primitives – noir, rouge et jaune ocres – à des représentations somme toute assez géométriques, telle une volonté de ne révéler que l’essentiel.  

Enfin, l’artiste protéiforme Michel Salsmann, né en 1948 à Colmar, s’intéresse tout particulièrement aux visages. Son oeuvre est littéralement le produit d’une vie : depuis 1964, il accumule des autoportraits pris au photomaton, enregistrant au fil du temps les multiples variantes de son visage. A la standardisation induite par la machine s’oppose de manière fascinante la variation inévitable de son expression faciale, qui cependant ne laisse jamais rien transparaître de son intimité. Dès 1995, il entreprend de scanner ces trente années de portraits, pour ensuite les superposer dans un ordre strictement chronologique. Des  « impressions numériques multicouches » qui, présentées en série, révèlent l’emprise du temps sur le visage, la progressive dissolution de l’être derrière les apparences. 

Trois artistes, trois façons singulières de dire le temps, l’espace ou l’Être dans son rapport aux autres et à l’environnement. 

Vernissage le vendredi 20 octobre de 18h30 à 21h. 

Texte : Léa Houtteville

Crédit visuel : Antoni Ros Blasco, Sans titre, huile sur toile.