Autodidacte, Jean Hélion (1904-1987) se lie d’amitié à Théo van Doesburg et Piet Mondrian, les chefs de file de l’abstraction géométrique à partir de 1929. Le jeune artiste côtoie les membres du groupe Art Concret et participe à la création du collectif Abstraction-Création qui rassemblera les meilleurs représentants de l’art abstrait entre les deux guerres. Ami de Calder, Arp et de Giacometti, il est également proche de Max Ernst, Marcel Duchamp ou de Victor Brauner.
Dès 1929, Jean Hélion commence sa réflexion théorique sur la peinture dans ses Carnets, une recherche qu’il poursuivra jusqu’en 1984. Celle-ci est nourrie de ses échanges avec les écrivains de son temps : Francis Ponge, Raymond Queneau, René Char, André du Bouchet…
Les vidéos d’archives des entretiens de l’artiste permettent au visiteur de plonger dans toute la profondeur réflexive de cet artiste intellectuel et sensible.
Installé aux États-Unis depuis 1934, Jean Hélion devient l’un des figures éminentes de l’abstraction et plus généralement de la vie artistique américaine en tant que conseiller des collectionneurs. Dans le même temps, il réintroduit le volume dans ses compositions, préfigurant alors un retour à la figure humaine.
Jean Hélion finit par se détourner de l’abstraction en 1939 alors que celle-ci commence à s’imposer sur la scène internationale. A contre-courant des attentes artistiques du moment, il s’intéresse davantage à la figure humaine et « au réel », au moment où le sentiment de la fragilité des choses est exacerbé avec le début de la Seconde Guerre mondiale.
L’artiste procède alors à une reconstruction de l’image à partir de son langage abstrait : les œuvres qui en résultent présentent des scènes de rue tirées du quotidien où toute sentimentalité est absente.
Après la guerre, sa mobilisation, son emprisonnement et son évasion, il retourne à Paris en 1946, marié à Pegeen Vail (fille de Peggy Guggenheim). Il peine alors à trouver sa place sur la scène parisienne. Malgré tout, il poursuit son exploration de la figuration avec l’ambition de reformuler les grands genres de la peinture : le nu, le paysage, la nature morte, l’allégorie, la peinture d’histoire et vue d’atelier. Les rues parisiennes sont une source d’inspiration inépuisable pour écrire sa « prose du monde ».
Salué dans les années 1960 par la nouvelle génération des peintres de la Figuration narrative comme Gilles Aillaud ou Eduardo Arroyo, Jean Hélion bénéficiera de son vivant de nombreuses expositions dans les galeries et les institutions françaises et internationales comme celle au MAM en 1977 et 1984-85, la dernière rétrospective ayant été présentée au Centre Pompidou en 2004. Malgré son importance et sa singularité, son œuvre reste aujourd’hui encore peu connue du public.
À la fin de sa vie, perdant progressivement la vue, son œuvre entremêle volontairement les motifs qui l’ont hanté depuis toujours comme la citrouille et pour les plus attentifs, la récurrence du motif de l’allumette éteinte. Sa peinture oscille entre dérision et gravité, rêve et sentiment de liesse.
Découvrez l’œuvre d’un peintre intellectuel qui a expérimenté tout au long du XXe siècle dans l’objectif de trouver sa manière personnelle de peindre sa poésie du réel.
Musée d’Art Moderne de Paris
- Adresse : 11 avenue du Président Wilson
- Code postal : 75016
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 53 67 40 00
- Site Internet : www.mam.paris.fr