Julien des Monstiers : “Dehors Dedans”

Pour découvrir son œuvre, il faut prendre le temps de bien plisser le regard. Dans chaque détail de ses tableaux, l’artiste Julien des Monstiers s’amuse à partager les fragments de ses mondes intérieurs. Qu’il s’agisse des enchevêtrements de motifs sur un tapis ou d’une infime partie d’un décor dallé au sol, c’est toujours avec la même attention qu’il agence ses compositions. Chaque élément semble irradier indépendamment d’une vie propre. Le visiteur est amené à survoler ses ciels bleu électrique, à revivre, l’espace d’un temps, l’effervescence d’une partie de chasse de jadis.

En accueillant ce talent contemporain déjà bien acclamé, le Domaine de Chambord entame un dialogue avec le passé. “Avec Julien des Monstiers, c’est un des peintres les plus doués de sa (jeune) génération que le Domaine invite à exposer sous les voûtes à caissons et dans les salles adjacentes du second étage du château” indique Pierre Dubreuil, directeur général du Domaine national de Chambord. “Un peintre dont les motifs rencontrent très évidemment l’esprit des lieux : que ce soient ses tableaux animaliers, ses scènes de chasse, parfois empruntées à de grands artistes du passé comme Oudry, ou encore ses tapis ou tapisseries, les œuvres de Julien des Monstiers résonnent de façon très étroite avec les murs du château, sa décoration ou son activité cynégétique.”

Ici, point de symbolisme ni de mysticisme, juste le “pur plaisir de peindre”, comme l’artiste aime à dire. Il pousse à bout la saturation des couleurs, se ravi des finis crépi, se perd dans l’exploration des possibilités permises par ses supports. La figuration importe moins que les jeux de textures et de matière qu’il développe en s’aidant d’une technique de report audacieuse. L’artiste débute en peignant ses dessins sur une plaque de plexiglas. Une fois la peinture terminée et encore humide, il effectue un premier transfert sur un papier cristal. Ce motif transféré est ensuite appliqué sur la toile à l’aide de pressions répétées, dans un mouvement constant d’allers-retours. Par cet acte, Julien des Monstiers renouvelle la peinture à l’huile et joue volontairement avec les perceptions du visiteur. Les échelles de plan se brouillent, les perspectives n’en sont que plus fictives, le fond et la forme s’opposent, nos regards se troublent. Ce sont des peintures labyrinthes.