Khaled Al Khani : l’expressivité des souvenirs

Chez Claudine Legrand, pour quelques semaines, l’art de Khaled Al Khani  se donne à voir dans une sélection de pièces. Par l’accumulation des tâches, Khaled Al Khani nous raconte des histoires précieuses, inspirées de l’Orient de son enfance. Cet Orient, il l’a quitté en 2011 pour fuir la dictature syrienne. Il garde de son pays le souvenir de la révolte et de la violence qu’il matérialise dans ses travaux doux-amers. Aujourd’hui installé en France, il partage des toiles qui évoquent des peintures murales par leur résultat texturé. Ses silhouettes sombres au visage absent se perdent dans des paysages vaporeux. De leurs entrailles semblent émerger toute leur force vitale.

Entourée d’une aura de lumière, une cavalière s’envole vers les horizons de ses rêves. Elle laisse tout autour d’elle une traînée d’étincelles. En face d’elle, dans une autre toile,  une femme, sûrement sa camarade. Elle enlace tendrement son cheval, semble se fondre avec lui, épousant et anticipant tous ses mouvements. Plus loin, une joueuse de flûte laisse échapper les notes de sa mélodie qui se diffuse sur la toile comme une fumée. 

Les personnages ont des allures de fantômes. Ensemble, ils constituent les dernières traces et les réminiscences d’une idée ou d’un concept. Les éléments figuratifs de Khaled Al Khani ne sont pas assez éclairants pour nous imposer une grille de lecture. Dans une veine abstraite, le peintre donne naissance à des mondes intérieurs, hors du temps. C’est l’expressionnisme qui le guide, cette volonté si forte qu’on eut les artistes à refuser la standardisation issue des dictatures au profit de l’envie irrépressible d’exister dans leur individualité, avec majesté.