Panorama de la peinture figurative moderne à la galerie Jean-François Cazeau

/// Astrid Vialaron

L’art abstrait s’impose largement au fil du XXe siècle, reléguant alors la représentation figurative au rang de vestige d’une époque révolue, synonyme du règne de la mimesis et de la contrainte esthétique. Si la fidélité à la nature n’est plus perçue comme la finalité de l’art, comment la peinture figurative pourrait-elle encore trouver sa place  ?

 

Il suffit de regarder les œuvres des grands maîtres exposés, dont la renommée est indéniable, pour constater que le rejet de la figuration n’est pas une réalité : leurs propos, d’une grande diversité, vont bien au-delà de la simple représentation. De l’illustration de la condition humaine à l’exploration du subconscient, les sujets sont vastes et les œuvres témoignent d’une profondeur inédite, explorant des dimensions variées de l’existence et de l’esprit humain.

 

À la galerie, on admire la Femme assise nue de profil d’Auguste Renoir, qui dès la toute fin du XIXe siècle a introduit dans son travail une précision linéaire aux antipodes de la technique du tapotement impressionniste. Grâce à cela, il crée un style singulier et expérimente au travers de la représentation féminine. La peinture figurative évolue aussi dans le mouvement Nabi, représenté dans l’exposition avec les œuvres de Ker Xavier Roussel et de Paul Elie Ranson, illustration d’un renouveau des arts décoratifs au début du XXe siècle. Des influences culturelles variées nourrissent alors ces œuvres figuratives, notamment l’orient, avec des œuvres inspirées des gravures sur bois japonaises. Ce sont des histoires singulièrement contées qui sont couchées sur les toiles figuratives de l’exposition, tel qu’avec la sorties d’usine de La foule, réalisé par Pierre Bonnard, ou encore la bohème parisienne, avec Van Dongan fait son marché, du peintre néerlandais Kees Van Dongen. Plus tardivement au XXe siècle, le corps et l’esprit sont également exprimés plastiquement dans l’art figuratif , notamment avec l’illustration intitulée Solomonie signée Leonor Fini, la sérigraphie d’Alain Jacquet La source d’après Ingres, ou encore la toile Très vite, de Jean-Charles Blais. 

 

Une diversité de regards, de gestes et de sensibilités qui mérite d’être vue de près. Il ne reste plus qu’à pousser la porte de la galerie pour en faire l’expérience par soi-même.