Rosemarie Koczÿ a été déporté les camps de concentration en 1943, et y a été détenue jusqu’à la libération, en 1945. À travers ses toiles, elle rend hommage aux victimes de la Shoah. Elle peint principalement en noir et blanc, à l’encre ou à l’acrylique. En faisant face à ses œuvres, on accède à son regard, celui qu’elle a posé sur celles et ceux qui l’ont entouré dans ces années d’atrocité. On perçoit l’inquiétude des regards, mais aussi une inaliénable force des sentiments, lorsque les silhouettes s’enlacent, malgré l’effroi.
Ce sont de ces œuvres qui bouleversent ; on ressent qu’elles proviennent d’une nécessité, une urgence de créer, non pas par divertissement, mais pour délivrer un témoignage.
Nous pourrions associer les travaux de Rosemarie Koczÿ à de l’art brut, que Jean Dubuffet définissait en 1949, comme « l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. » ( Jean Dubuffet, L’art brut préféré aux arts culturels, 1949 (Manifeste accompagnant la première exposition collective de l’art brut à la Galerie Drouin, reproduit dans Prospectus et tous écrits suivants, Gallimard, 1967)), puis en 1963, comme « des productions (…) présentant un caractère spontané et fortement inventif, aussi peu que possible débitrices de l’art coutumier et des poncifs culturels, et ayant pour auteur des personnes obscures ou étrangères aux milieux artistiques professionnels » (Jean Dubuffet, Notice sur la Compagnie de l’art brut, 1963).
En effet, l’inventivité, la spontanéité et la singularité qui caractérisent ces peintures s’expliquent sans doute par une expression directe et personnelle d’une expérience vécue, inscrite dans l’histoire, plutôt que par une démarche purement esthétique.