« Les Arpenteurs de rêves » au Palais Lumière d’Evian

« Les Arpenteurs de rêves » au Palais Lumière d’Evian

Qu’il s’agisse des songes nocturnes ou des rêveries que nous embrassons éveillés, les retraits de la vie quotidienne constituent la richesse de nos mondes intérieurs. Transmutations du réel constituantes de notre imagination et de notre créativité, les rêves permettent d’accéder à ce que Gérard de Nerval appelle dans Aurélia la « seconde vie ». Ils nous ouvrent les portes d’un monde nouveau, tantôt refuge tantôt cauchemar. Avec Les Arpenteurs de rêves, le Palais Lumière vous invite à faire un voyage onirique à travers la collection de dessins du musée d’Orsay. Ancrée dans une démarche de valorisation de cette riche collection — souvent à l’abri des regards du fait de la fragilité des œuvres, l’exposition présentée au Palais Lumière s’articule autour de cinq thématiques : regards intérieurs ou figures du rêve et de la rêverie ; expériences oniriques du paysage ; par monstres et merveilles ; au fil des pages et dessins inspirés par la musique. L’occasion de découvrir près de 180 dessins conservés aux cabinets des arts graphiques du musée du Louvre et du musée d’Orsay.

 

/// Alina Roches-Trofimova

 

« Derrière les paupières »

 

Odilon Redon (1840-1916). Paris, musée d’Orsay, conservé au musée du Louvre

 

« Derrière les paupières », la première de cinq sections présentées, se penche sur le modèle rêveur ou endormi pour tenter de saisir tout ce qui se déroule derrière l’œil lorsque celui-ci se détourne du quotidien. L’œil se fait alors symbole de vision, voire de voyance. Il est une porte qui sépare notre monde commun de nos mondes individuels, une voie d’entrée vers la magie de l’imagination.

 

« Expériences oniriques du paysage »

 

Gustave Doré (1833-1883). Paris, musée d’Orsay, conservé au musée du Louvre

 

Lucien Levy-Dhurmer (1865-1953). Paris, musée d’Orsay, conservé au musée du Louvre

 

La section « Expériences oniriques du paysage » s’inspire de la philosophie bachelardienne des éléments. Dans L’eau et les rêves , Gaston Bachelard écrit : « On ne rêve pas profondément avec des objets. Pour rêver profondément, il faut rêver avec des matières ». La nature nous offre une partie de cette matière à rêver et inspire le vagabondage de l’esprit. Dans cette ode à la beauté des paysages, nous retrouvons des hommages dessinés au patrimoine local d’Evian, notamment au Palais Lumière.

 

« Par monstres et merveilles »

 

Carlos Schwabe (1866-1926). Paris, musée d’Orsay, conservé au musée du Louvre

 

Peuplée de créatures imaginaires, la section « Par monstres et merveilles » nous emmène au cœur de la tension qui existe entre le monstrueux et le merveilleux. Avec des dessins exceptionnels d’artistes comme Odilon Redon, Gustave Doré, James Ensor ou encore Gustave Moreau, le Palais Lumière se peuple de centaures, d’anges, de démons et de chimères et nous offre un panorama fascinant de créatures surnaturelles, de mythes, de légendes et de symboles.

 

« Au fil des pages »

 

Gustave Courbet (1819-1877). Paris, musée d’Orsay, conservé au musée du Louvre

 

Avec « Au fil des pages », l’exposition se rapproche de plus en plus de l’immatériel et aborde le sujet du dialogue des arts. Très riche durant le XIXème siècle, ce dialogue a vu éclore de magnifiques projets éditoriaux, en particulier des illustrations artistiques d’ouvrages littéraires parmi lesquels ceux de grands auteurs tels que Flaubert, Zola ou encore Mallarmé. Les dessins présentés nous interrogent à la fois sur l’évasion offerte par la lecture, mais également sur comment cette lecture nourrit les rêves des endormis. Lorsque nous nous endormons après la lecture, nos rêves se peuplent-ils des histoires que nous aimons ?

 

« De la musique avant toute chose »

 

Ignace Henri Jean Théodore Fantin-Latour (1836-1904). Paris, musée d’Orsay, conservé au musée du Louvre

 

« De la musique avant toute chose » s’attarde sur la musicalité interne des dessins et les effets de cette musicalité sur le spectateur, cherchant davantage à exprimer l’indicible qu’à illustrer le thèmes musicaux. Nous est partagé un art qui préfère la suggestion à la représentation, qui tente de nous insuffler l’intensité des émotions comme est capable de le faire la musique. Ainsi, la section nous présente des dessins rythmés qui essaient de propager le rêve.

 

Gustave Doré (1833-1883). Paris, musée d’Orsay, conservé au musée du Louvre
 

Visuel de couverture : Gustave Moreau (1826-1898). Paris, musée d’Orsay, conservé au musée du Louvre

 

Palais Lumière d’Evian