Les frères Monet, génies de la couleur

Les frères Monet, génies de la couleur

Le musée du Luxembourg consacre sa nouvelle exposition colorée au frère de l’artiste Claude Monet, Léon, un chimiste en couleurs mais aussi un grand collectionneur de peintures impressionnistes. Du 15 mars au 16 juillet 2023, Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur met en lumière ses plus belles acquisitions, allant des carnets de dessins de son frère aux chef-d’œuvres de Camille Pissarro et Auguste Renoir.

 

/// Lolita Fragneau

 

Si Léon Monet (1836-1917) est désormais une personnalité méconnue du grand public et tapis dans l’ombre de Claude Monet (1840-1926), ce n’en est pas moins pour les spécialistes un homme avec un œil expert en matière de couleurs, qui a su malgré l’indifférence des institutions voir dans l’œuvre de son frère et des impressionnistes de son temps le début d’une modernité. Décrit par certains, comme un homme « cordial et franc », à « l’intelligence vive et prompte », il a pour d’autres « mauvais caractère », ce que semble confirmer Claude quand il le dit « maniaque et dur ». Pourtant, le chimiste restera toujours un soutien indéfectible pour son frère, de ses débuts jusqu’à sa reconnaissance officielle.

Claude Monet, Anglais à moustache, vers 1857, crayon et rehauts de gouache sur papier
gris, 24 x 16 cm, collection particulière

L’exposition s’attache alors d’abord à contextualiser cet environnement familial qui vu grandir ces deux génies de l’art – chacun à sa manière – en présentant des photographies d’époque et l’arbre généalogique complexe des Monet.  De leurs débuts de carrière respective au Havre aux œuvres peu connues de la petite-fille de Léon, Françoise, les premières sections donnent un aperçu très intimiste de la vie de cet entrepreneur sublimé par une scénographie chaleureuse réalisée par Hubert Le Gall.

En continuant le parcours, le visiteur découvre le fameux portrait « incisif » de Léon conçu par Claude Monet en 1874, que le collectionneur n’exposa jamais certainement en raison de l’aspect un peu caricatural du personnage – avec la redingote et le chapeau melon en feutre noir qui lui confère une apparence brutale. Le reste de la section montre les œuvres exceptionnelles de Camille Pissarro, d’Alfred Sisley et d’Auguste Renoir, ainsi que celles des peintres de l’école de Rouen que Léon Monet cherchait à promouvoir localement.

Claude Monet, Portrait de Léon Monet, 1874, huile sur toile, 63 x 52 cm, collection particulière

Ce qui séduit le collectionneur, ce sont les paysages de Rouen aussi bien que sa célèbre cathédrale, mais une petite section s’attache aussi à dépeindre son amour des crépons japonais, dont il acquiert au moins quinze pièces. Lui qui était si entiché des couleurs n’a pas pu résister à celles des estampes à base d’aniline. Le dernier chapitre se clôt par les peintures de Claude Monet dans son jardin de Giverny. Cette période, caractérisée par le diagnostic de la cataracte – comble pour un artiste ! – est pourtant l’une des plus prolifique et également celle qui se rapproche le plus de l’expressionnisme abstrait. Monet invente ici un nouveau langage pictural en éliminant les détails réalistes des peintures précédentes – la maison, le ciel, les bosquets et les roses – pour ne conserver que les masses colorées, les vert, rouge et jaune comme autant de signes d’une nature foisonnante.

Claude Monet, Le jardin de Giverny
vers 1922-1926, huile sur toile, 93 x 74 cm, Paris, Musée Marmottan Monet, legs Michel Monet, 1966 © Musée Marmottan Monet, Paris

Musée du Luxembourg

  • Adresse : 19 rue de Vaugirard
  • Code postal : 75006
  • Ville : Paris
  • Pays : France
  • Tel : 01 40 13 62 00
  • Site Internet : www.museeduluxembourg.fr