Les maîtres du pastels déployés au musée d’Orsay

Les maîtres du pastels déployés au musée d’Orsay

Du 14 mars au 2 juillet 2023, le musée d’Orsay présente une nouvelle exposition intitulée Pastels du musée d’Orsay. De Millet à Redon pour mettre en valeur sa riche collection de pastels, comportant pas moins de cinq cents œuvres dont quatre-vingt-quinze sont dévoilées. L’occasion pour les visiteurs de redécouvrir les tableaux de grands noms de l’histoire de l’art tels que Millet, Degas, Manet, Cassat, Redon, Lévy-Dhurmer, et tant d’autres.   

 

/// Lolita Fragneau

 

Dans ce niveau du musée qui a vu exposé les œuvres de Rosa Bonheur à la saison précédente, la technique du pastel, « mariage d’amour de la couleur et du dessin », est amplement mise à l’honneur. Les fameux bâtonnets de couleur y sont présentés aux côtés d’œuvres comme Le Bouquet de marguerites (1871) du pionnier Jean-François Millet en guise d’introduction, avant que l’exposition ne se divise en un parcours thématique.

Édouard Manet, Portrait d’Irma Brunner, dit aussi La Femme au chapeau noir, vers 1880-1882, Pastel sur toile et châssis, 53,5 × 44,1 cm, Legs du comte Isaac de Camondo, 1911 © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Jean-Gilles Berizzi / DR

De son essor au XVIIe siècle à sa popularisation au XVIIIe siècle, le pastel était à l’origine plutôt employé pour les portraits aristocratiques pour finalement s’étendre à tous les genres au milieu du XIXe siècle. Les pastellistes s’intéressent alors aux paysans et aux pécheurs à l’instar de Fernand Legout-Gérard dans son tableau Port de pêche (entre 1856 et 1924), mais aussi aux paysages urbains et à la population qui l’occupe. Les pastels d’Edgar Degas figurent le travail des femmes, notamment celui des blanchisseuses, mais aussi les actions usuelles des danseuses, se plaçant ainsi un vrai observateur du quotidien.

Au début du XIXe siècle, nombreux artistes utilisent ce médium pour créer des paysages réalisés sur le motif, mais ceux-ci gardent une aura d’études ou de simples souvenirs et n’auront pas pour vocation d’être exposés. La section « Essence de la nature » révèle le paysage éthéré de Lucien Lévy-Dhurmer dans La Calanque (1936) mais aussi l’œuvres fantomatique de l’artiste hongrois József Rppl-Ronaï dans Un parc la nuit (vers 1892-1895).

Fernand Legout-Gérard, Port de pêche, vers 1905, Pastel sur papier, 53 × 65 cm © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Sophie Crépy

Ces paysages laissent place en fin de siècle à des scènes de genre et des intérieurs, réalisés notamment par des artistes femmes comme Mary Cassatt, mais aussi par des nus où le velouté de la peau est sublimé par le médium. Femme à sa toilette essuyant son pied gauche (1886) d’Edgar Degas plonge dans l’intimité d’une femme prosaïque sans qu’elle se sache observée. Il n’est pas dans la recherche de l’idéalisation du corps, mais bien dans celle la scrutation franche de l’ordinaire.

Le parcours se termine par la thématique d’une Arcadie utopique qu’on retrouve chez George Desvallières, et par le renouvellement du médium par deux pastellistes symbolistes : Odilon Redon et Lucien Lévy-Dhurmer qui se servent de cette technique subtile pour rendre vivant leur imaginaire foisonnant. Ce qui ressort de cette traversée, c’est l’incroyable plasticité du pastel qui a su transcender les genres et les époques à mesure que les artistes s’en emparaient, faisant de lui une technique majeure dans l’histoire de l’art.

Odilon Redon, Le Char d’Apollon, Vers 1910, Pastel et détrempe sur toile, 91,5 x 77 cm. © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Musée d’Orsay

  • Adresse : 1 rue de la Légion d'Honneur
  • Code postal : 75007
  • Ville : Paris
  • Pays : France
  • Tel : 01 40 49 48 14
  • Site Internet : www.musee-orsay.fr