Les mondes imaginaires de Rosine Baldaccini

Les mondes imaginaires de Rosine Baldaccini

Quand elle l’a rencontré aux Beaux-arts de Paris en 1948, elle avait 14 ans. Ils attendront 1952 pour se déclarer leur amour, 1957 pour se marier, elle attendra 1980 pour se mettre à la sculpture.  Il lui disait « Ici le sculpteur c’est moi », elle disait de lui « c’est l’homme de ma vie ». Lui c’est César, César Baldaccini plus connu sous son simple prénom, et elle s’est son épouse Rosine, née Groult en 1934.

/// Stéphane Gautier

 

A l’occasion du centenaire de César, et dans l’atelier qui fut le sien pendant plus de trente ans, La Galerie Clavé Fine Art rend aujourd’hui hommage à la femme du sculpteur avec une sélection de ses aquarelles, bronzes et plâtres peints. Le critique d’art Pierre Restany écrivait en 1991 dans la préface d’un petit catalogue des œuvres de Rosine « Il n’est pas aisé d’être la femme de César ». Personnalité solaire, aux grands gestes sculpturaux l’œuvre ressemble à l’homme, et à l’instar de son flamboyant époux l’œuvre de Rosine est la marque même de son identité, discrète, sensible, poétique.

 

Les mondes imaginaires de Rosine Baldaccini ©Studio Vanssay

 

Ne s’engageant pas tout de suite en sculpture, Rosine commence à peindre de minuscules aquarelles saisissantes de ressemblances telle ce petit portrait de l’empereur, César lui-même dédicacé « A mon bien aimé » à Noel 1956.

 

Les mondes imaginaires de Rosine Baldaccini ©Studio Vanssay

 

A l’inverse du geste « césarien » tout en déploiement ou concentration de forces, le geste de Rosine s’opère dans la recherche de l’humanité du modèle, de son monde intérieur, avec douceur, sensualité, et amour. Elle représentera ainsi son époux avec une infinie tendresse assis à côté d’elle sur un bouledogue à la langue rosée, ou sous la figure d’un centaure.

 

Les mondes imaginaires de Rosine Baldaccini ©Studio Vanssay

 

La mythologie personnelle et hétéroclite de Rosine Badaccini est née au début des années 1990 avec un petit éléphant de Bronze. « Lorsque César a décidé de d’habiter l’atelier et qu’il est parti de la maison, je me suis mise à travailler et c’est lui qui m’a fait faire mon premier bronze. Il m’a encouragé. »

 

C’est donc sous la figure tutélaire de son sculpteur de mari, mais éloignée de lui que Rosine commencera la sculpture. Elle modèle, sculpte, passe de la terre à la cire, de la cire au bronze développant un panthéon imaginaire fortement influencé par ses nombreux voyages en Inde. Elle établit dans son travail un rapport à la spiritualité bouddhiste, explorant l’intimité profonde de l’être, ce qui fera dire à Pierre Restany après sa première exposition personnelle en 2001 à la Galerie la Forêt Verte, « Ces sculptures sont comme un rappel à l’ordre de notre humanité profonde ». L’œuvre de Rosine Baldaccini est une œuvre de l’intime, du fabuleux, de la retenue, mais aussi de l’extravagance, de la candeur et de l’émerveillement.

 

Les mondes imaginaires de Rosine Baldaccini ©Studio Vanssay

 

Galerie Clavé Fine Art