Lieux Saints partagés

Lieux Saints partagés

Du 24 octobre au 21 janvier 2018, le Musée d’histoire de l’immigration propose une exposition inédite à Paris : Lieux saints partagés, qui présente les emplacements communs aux trois religions monothéistes en Europe. Une immersion dans ces lieux historiques empreints de religiosité pour des millions de personnes.

L’Europe regorge de lieux communs entre Juifs, Chrétiens et Musulmans ; Lieux saints partagés met en lumière à travers des tableaux, des vidéos ou encore des amulettes, ces lieux et ces liens qui unissent les peuples à travers les religions. Une réalité à contre-courant des actualités rapportant uniquement les actes de haine et de division.

 

Les mouvements migratoires mondiaux ont, entre autres, permis un rapprochement religieux. Certains lieux d’origine biblique sont incontestables, et réunissent les populations autour de pèlerinages ou de cultes particuliers. L’exemple de Jérusalem, trois fois saintes, parle de lui-même : pour les Juifs, elle est la ville où les rois David et Salomon régnèrent et où le Temple de ce dernier fut érigé puis détruit par deux fois ; s’agissant des Chrétiens, Jérusalem symbolise à la fois les supplices et la résurrection de Jésus ; quant aux Musulmans, c’est de cette cité que le prophète de l’islam débuta son « voyage nocturne », lui conférant ainsi la troisième place des lieux saints religieux après La Mecque et Médine.

 

D’autres lieux en revanche furent créés par la force des dévotions et des croyances. Lampedusa en Italie, et même Sept-Saints en Bretagne, partagent cette piété décidée par les Hommes. Des pèlerinages établis pour combler un éloignement géographique et peut-être spirituel. Nées de la volonté d’hommes de paix, ces initiatives brillent par leur pérennité. Louis Massignon, prêtre surnommé le « catholique musulman », dédia sa vie à construire un pont entre l’islam et le christianisme. C’est une réussite : en 1954, il fonde le pèlerinage islamo-chrétien des Sept Dormants – intégrant ainsi la communauté musulmane à une fête catholique déjà existante. Ce récit des Sept Dormants est d’ailleurs relaté dans le Nouveau Testament et le Coran (sourat Al-Kahf – « La Caverne »), preuve de l’importance que lui accordent les deux religions. Au coeur du parcours muséal proposé par le Musée de l’histoire de l’immigration, l’œuvre de l’artiste tunisien Abdallah Akar s’impose à nous : elle représente la sourate sur des grand panneaux de tissus flottant où sont retranscrits les versets en calligraphie arabe.

 

L’exposition se poursuit avec la présentation d’autres personnalités également connues pour leur contribution au rapprochement des civilisations : Abd el Kader, le résistant algérien à la colonisation française ; le jésuite Paolo Dall’Oglio qui échangea volontairement sa place contre celle d’otages chrétiens et musulmans de Daesh – il est aujourd’hui encore captif – ; ou encore, le célèbre traducteur de livres saints André Chouraqui. Chacun à leur façon, ces hommes contribuèrent à la (re)connaissance de l’autre et au franchissement des murs de l’intolérance.

 

Dans la continuité de ces apôtres du dialogue et de la paix entre les communautés religieuses, la rétrospective s’achève avec la présentation du futur monument de Berlin, la « Maison de prière et d’enseignement des trois religions ». Prévue pour 2018, elle sera un lieu de culte pour les principales religions monothéistes : la House of One réunira ainsi une synagogue, une église et une mosquée sur les vestiges archéologiques d’une église du XIIe siècle.

 

Alors que les problématiques du XXIe siècle liées aux mouvements de population mettent en lumière des différences religieuses faussement insurmontables, Lieux saints partagés rappelle au contraire les similitudes culturelles et cultuelles, et participe à l’apaisement des tensions dans une actualité compliquée. La tolérance par la compréhension, la paix par la pédagogie, tel est le message véhiculé.

 

Vernissage le lundi 23 octobre.

Texte : Siham Zaïd

 

Crédit visuel : Manoël Penicaud, Musulmane priant dans le Caveau des Patriarches, Hébron, 2014 ©Manoël Pénicaud / MuCEM-IDEMEC