L’Intime & le Monde

L’Intime & le Monde

Du 8 décembre 2017 au 4 février 2018, le Centre Wallonie-Bruxelles présente avec L’Intime et le Monde l’hommage de trois artistes belges à la génération des enfants juifs bruxellois ayant survécu à l’extermination lors de la Seconde Guerre mondiale.

Trois noms. Marianne Berenhaut. Sarah Kaliski. Arié Mandelbaum. Issus de la génération née lors de la Seconde Guerre mondiale, ces trois plasticiens partagent par leurs biographies les séquelles de douloureuses expériences. Ils ont décidé d’élargir leurs histoires individuelles et familiales à une histoire collective, en rendant hommage aux enfants juifs bruxellois ayant survécus à l’extermination d’Auschwitz. Le beau titre choisi par le critique Gérard Preszow, L’Intime & le Monde, fait corps avec ces réflexions. À l’antipode des tendances actuelles d’un affichage ostentatoire de l’intimité, les trois artistes belges dévoilent un rapport plus sensible et pudique à l’intime, d’une beauté fragile. Ils nous prouvent que l’authenticité est possible sans tomber dans le piège du voyeurisme. La douleur ne doit pas devenir un spectacle.

Leurs histoires sont terribles. Pourtant, ils n’ont pas voulu se soumettre au diktat de l’impossibilité de la représentation artistique après Auschwitz. Au contraire, ils sont les voix de cette génération orpheline, à laquelle ils rendent hommage. Montrer la disparition. Oser regarder et interroger le trou laissé béant de la séparation. Grâce à l’art, ils abordent les questions de l’absence et de la présence, mais aussi celle de la mémoire.

Ils sont les voix plurielles de cette histoire collective. Marianne Berenhaut met en scène des objets de la vie quotidienne, qu’elle déniche souvent parmi des déchets abandonnés. En les arrachant à leurs environnements premiers, l’installatrice insuffle une nouvelle vie à ces objets. Ils s’avèrent être les véritables protagonistes de ses assemblages, balançant entre tragédie et humour, qu’elle a nommé Vies privées. Ils nous chuchotent leurs histoires de disparitions ou d’impuissance. Comme ce vieux fauteuil usé par le temps, ou ce landau de nouveau-né, laissé à l’abandon sur une échelle qui prend la forme de rails… Sarah Kaliski recourt à de nombreux médiums dans ses recherches passionnées. Peintre, écrivain, c’est son talent de dessinatrice que nous découvrons dans l’exposition. Insatiable, elle diversifie également ses supports, de pelures d’avocat en passant par des sous-verres en carton ou du papier de soie. Elle s’empare des destinées des déportés, esquissant avec un trait fin et élégant l’histoire terrible des enfants et de leurs familles. La troisième voix sélectionnée est celle d’Arié Mandelbaum. L’artiste fait surgir de ses peintures aux fonds d’une blancheur abyssale des spectres. Si ceux-ci prennent une forme humaine, ils restent au simple état d’ébauches, tels des fragments d’un récit inachevé. Gérard Preszow caractérise son œuvre par la manière dont « on fait face à une surface à peine effleurée. Une peinture du paradoxe qui restitue la profondeur d’un récit par une image proche de sa disparition. ».

Entremêler ces trois regards singuliers, et pourtant si complémentaires, montre la force d’histoires intimes dialoguant avec le monde.

Texte : Alix Meynadier

Crédit visuel : Arié Mandelbaum, Tempera et technique mixte sur toile, 90 x 90 cm, 2017   ©Brice Vandermeeren 

 

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