Le Musée Jacquemart-André présente, du 9 mars au 23 juillet 2018, Une impressionniste américaine à Paris, une grande rétrospective sur Mary Cassatt, peintre américaine ayant vécu en France une partie importante de sa vie.
La douceur de la féminité se mélange avec la technique de l’impressionnisme pour dévoiler une union pleine de grâce. Des scènes familiales se déroulent sous nos yeux et nous entrons dans l’intimité d’une autre époque. Une époque que nous appréhendons souvent par le travail des grands peintres français, tels que Camille Pissarro, Claude Monet et Edgar Degas. Ce dernier, après avoir remarqué son travail, invite Mary Cassatt à se joindre au groupe impressionniste vers 1877, apportant, par la même occasion, une vision nouvelle à un mouvement artistique majoritairement masculin.
La figure féminine règne sur les toiles de Mary Cassatt, abordant fréquemment le sujet de la maternité et de l’enfance. Des femmes au cœur de l’univers de l’artiste, contrastant avec une époque où les hommes sont souvent placés au premier plan. Dépassant parfois le mètre, ces œuvres d’une grande envergure nous présentent des scènes de genre, mettant en lumière la vie quotidienne de jeunes femmes, d’épouses, de mères, de femmes mondaines. Non-idéalisées, elles y sont représentées à leur juste valeur. Comme pour nous dévoiler leur vie privée, Mary Cassatt organise sa toile en plaçant celles-ci, souvent accompagnées de leur enfant, au centre de la composition, occupant pratiquement toute la surface. Les positions des deux visages qui s’assemblent et se complètent, nous rappellent la proximité des corps dans les représentations de la Vierge et de l’Enfant pendant la Renaissance. Une profonde confiance qui se retrouve aussi dans les nuances. Mary Cassatt joue sur l’intimité des deux personnages en piochant, dans sa palette, des couleurs complémentaires. La teinte des joues rosées du nouveau-né fait écho à la robe fleurie de la jeune mère, l’enfant las et fatigué voit son corps, légèrement bleui, se mélanger à l’habit de la femme par des contours fondus, suggérés par la couleur.
Cette touche enlevée, représentative du courant impressionniste, contraste avec les expérimentations qu’opère l’artiste à partir de 1890. En s’essayant à la gravure, Mary Cassatt trouve un nouvel univers à mi-chemin entre estampes japonaises et techniques occidentales. À la manière de Kitagawa Utamaro, Mary Cassatt place encore une fois la femme au centre de la création artistique, ajoutant à cela le rôle du miroir dans ses œuvres. La femme, objet passif de la contemplation masculine, s’affranchit de son rôle pour devenir un être indépendant observant sa propre réflexion.
Les œuvres de Mary Cassatt sont les prémices d’une émancipation dans la représentation de la femme. Une artiste qui a su affirmer sa vision, valorisant des scènes de genre caractérisées par l’intimité entre les personnages.
Texte : Angèle Imbert
Crédit Visuel : Mary Cassatt, Mère à l’enfant (Le miroir ovale), 1899, Huile sur toile, 81,6 cm x 65,7 cm