Olivier Deresse

Olivier Deresse

Du 16 novembre au 22 décembre, la galerie Nichido présente la sixième exposition du peintre Olivier Deresse, qui nous ouvre une plongée dans l’épaisseur émotionnelle de ses tableaux-palimpsestes. 

Travailler la matière. La comprendre, la laisser réagir, couler, se dissoudre, s’écailler, la gratter, la recouvrir, la diluer, avec patience, lenteur et intensité, pour faire émerger une structure. Chaque toile d’Olivier Deresse, né en 1961, est une quête qui cherche à répondre à une même question : comment la peinture peut-elle encore toucher le spectateur aujourd’hui? Pour y répondre, il réalise des séries d’œuvres recouvertes d’une multitude de couches de peinture dont il veut faire percevoir les différentes qualités en les faisant tour à tour ressurgir et disparaître. Ses expérimentations matérielles cherchent à faire émaner l’émotion des pigments mêmes, par l’alliance de leurs couleurs et de leurs textures. 

Il s’agit de « chercher des solutions », selon les mots de l’artiste, et de parvenir, par essais successifs, à un certain équilibre : c’est ainsi que des couleurs qui semblent individuellement des plus ternes, combinées et mélangées sous son pinceau attentif, parviennent finalement à créer une harmonie paisible semblant aller de soi. Sur l’espace du tableau, les formes et les nuances se rencontrent et interagissent, constituant des strates organiques à travers lesquelles le regard déambule sans fin. Sans figuration aucune, elles réussissent à ouvrir une profondeur abyssale : il ne reste plus qu’à se laisser immerger par la matière.

La série exposée à la galerie Nichido explore les possibles de la peinture : si Olivier Deresse y travaille toujours par grattage, il cherche sans cesse de nouvelles réponses, en variant instruments, supports, temps de pose et techniques. Sous son pinceau, la matière se décline en consistances inattendues, elle se fait lisse ou rugueuse, évanescente ou puissamment concrète. Bien que les toiles présentent à première vue une unité certaine, la touche ne s’y fait jamais monotone : ce qui est frappant, au contraire, c’est qu’au sein de chaque œuvre, le moindre fragment dans lequel nous nous plongeons détient une singulière richesse de textures.

Pour autant, l’émerveillement ressenti face aux œuvres d’Olivier Deresse ne tient pas à une quelconque virtuosité technique. S’absorber dans la complexité des plans qui constituent l’espace, c’est d’abord se laisser envahir par l’émotion qui émane de l’alchimie des pigments et presque en oublier de penser. L’artiste explique qu’il « peint pour ne pas avoir à parler » : en effet, face à la toile, toute parole semble soudain superflue tant cette peinture est directe, sensitive. Toutes les lentes reprises, toutes les heures passées à travailler à fixer dans la couleur un état d’esprit changeant, se ressentent sans qu’il y ait besoin d’établir une médiation verbale entre l’œuvre et soi : la composition est toujours vivante, elle prend forme à mesure qu’elle se propage dans notre esprit et que nous y distinguons nos propres paysages intérieurs. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Olivier Deresse n’en intitule aucune : elles ont vocation à laisser chacun se raconter et vivre sa propre histoire. Son travail parvient ainsi à instituer une relation intime entre la matérialité même du pigment et le spectateur, lui offrant l’occasion d’une vertigineuse immersion dans un lieu où l’émotion se rend tangible. 

 

Vernissage le jeudi 16 novembre de 16h à 21h

Texte : Alix Ricau

Crédit Visuel : Huile sur toile, Olivier Deresse, 150x150cm, ©Galerie Nichido