« Soulages, années 50 » à la Galerie Pascal Lansberg

« Soulages, années 50 » à la Galerie Pascal Lansberg

Près de deux ans après sa disparition, la Galerie Pascal Lansberg ouvre sa troisième exposition consacrée à Pierre Soulages, avec une sélection inédite d’oeuvres dont la plupart sont dévoilées pour la première fois au grand public.

 

 

/// Emma Boutier

 

 

Artiste à l’incroyable longévité, Soulages aura continué de peindre jusqu’à son dernier souffle. Il lègue à l’histoire de l’art une profonde réévaluation du noir, l’ayant émancipé de son inhérente obscurité et de ses connotations sinistres. Son noir porte au moins autant de subtilités et de nuances que le reste de la palette. Soulages a créé la couleur noire.

 

 

L’exposition nous ramène dans les années cinquante, avant la fameuse période Outrenoir, en reconstituant le cheminement de l’artiste vers cette monochromie qui l’inscrira dans la postérité. Si le noir occupe une place prépondérante dans cette sélection de toiles abstraites, il est encore un moyen, le moyen de faire apparaître les couleurs avoisinantes.

Pierre Soulages, Peinture 162 x 114 cm, 29 août 1958, 1958. Courtesy Galerie Pascal Lansberg

 

 

Explorer l’interdépendance du clair-obscur

Dans ce tableau de 1958, Soulages explore habilement la dualité du noir, en en faisant à la fois l’obturateur et le révélateur de la couleur. À première vue, ces aplats de noir texturés semblent faire obstacle à la lumière, qui est comme retenue sur la toile, empêchée dans son rayonnement. Mais c’est bien l’obscurité du noir qui fait émerger la clarté du jaune. La lumière, en réserve, s’infiltre dans l’infime espace laissé entre chaque trait de la brosse du pinceau, comme si elle naissait de la noirceur.

 

 

Matières, matériaux et techniques

L’exposition nous montre que le travail de la lumière est indissociable de celui de la matière, voire du matériau. À ce propos, Soulages nous dit :

 

« Il y a des peintures dont une grande part de la force tient – plus qu’à la matière picturale proprement dite – au matériau employé » (Jean-Michel Le Lannou, Pierre Soulages, Écrits et propos, 2009).

 

Son utilisation du brou de noix rend explicite cette remarque. Les potentialités de ce matériau – un colorant naturel extrait de l’écorce du fruit – s’accordent pleinement aux recherches de l’artiste sur les rapports entre l’ombre et la lumière, lui permettant de développer différents degrés de transparence et d’opacité.

Soulages a également investi de ses propres réflexions la technique de l’eau-forte sur vélin, comme le montre une oeuvre de 1957. Il utilise les possibilités offertes par l’acide en termes de variations de texture pour alimenter son exploration du noir. Des traits nervurés se superposent à des ombres grisâtres, créant un effet de perspective par le contraste, et, à nouveau, d’éclairage négatif.

 

 

Dans les années cinquante, la peinture de Soulages se singularise sur la scène artistique, dont les têtes d’affiche travaillent principalement des œuvres hautes en couleur. Depuis son atelier de Montparnasse, le Ruthenois mène sa propre barque, dans les abysses du noir dont il ne s’est jamais lassé. 

 

 

 

Galerie Pascal Lansberg

  • Adresse : 36 rue de Seine
  • Code postal : 75006
  • Ville : Paris
  • Pays : France
  • Tel : 01 40 51 84 34
  • Site Internet : www.galerielansberg.fr
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Galerie Pascal Lansberg

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