Khaled Alkhani, venu en France il y a huit ans d’une Syrie broyée où il est né en 1975, invente un maelström puissant d’où émerge en geyser chromatique une tête sublime et fragile. Fine, forte, dominante, et cependant repliée sur elle-même, lointaine, parfois dévastée, indestructible. Tête de ciel opaque sur une terre de fin du monde, avec un air de madone abandonnée.
On voit des jetées de corps aux effets de sillage perdu, et de somptueuses calligraphies charnelles, quand l’artiste-magicien libère les énergies qui s’agitent au fond des nappes de chair intime.
Le rouge, âpre et cru, domine des valeurs violacées violeuses de ténèbres, en saisissant contraste avec des teintes mates, pudiques et douces, qui apaisent l’étendue. Violence créatrice et sérénité s’étreignent. Règne un somptueux gris d’horizon où s’enfouissent toutes les couleurs du monde, et d’où surgissent de pures allures vitales.
L’expressionnisme ouvert, vivant et contemporain de Khaled Alkhani conjure les mauvaises mémoires. Son art majestueux dit la vie infinie qui résiste infiniment, et sa peinture sans frontière, fût-elle vêtue de soleils blessés, éblouit l’étendue.