Il y a une semaine je découvrais au Musée du Louvre la très belle exposition Le corps et l’âme. De Donatello à Michel-Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance. Je m’émouvais alors au milieu des salles vides, des contorsions de l’esclave mourant de Michel-Ange, du tendre rapprochement de Bacchus et Ariane par Tullio Lombardo, ou de la déploration du Christ de Giovanni Angelo del Maino.
/// Stéphane Gautier
Quelle chance me disais-je de voir tant de beau. Et je m’enthousiasmais sur les réseaux sociaux, sur le site de l’Officiel des Galeries & Musées, auprès de mes amis, de la possibilité de retourner au musée, de la possibilité d’une vie culturelle retrouvée.
Au matin du 29 octobre, le couperet tombe : re-confinement !
Les mesures sanitaires prises par le Gouvernement face à la deuxième vague de la Covid-19, n’autorisent que l’ouverture des commerces de premières nécessité, donc fermeture des musées, des galeries d’art, des théâtres, des salles de cinéma, mise en parenthèse pour un mois minimum de la vie culturelle.
Je pourrai donc acheter du camembert dans la grande surface restée ouverte à côté de chez moi, consommer des biens dits de première nécessité, en faisant la queue devant mon supermarché qui aura établit une jauge pour la sécurité de ses clients, mais ne pourrai pas faire la queue devant le Musée d’Orsay pour voir les expositions Beardsley ou Spilliaert, car les musées ne doivent pas savoir établir de jauge. Je ne pourrai par aller chez mon libraire ou découvrir le travail d’un artiste en galerie, car il sera plus risqué d’être cinq dans une galerie que cinquante au rayon fruits et légumes de ma supérette.
Alors que privés de cette billetterie et amputés de leurs autres ressources tous les musées constatent une sévère dégradation de leurs résultats financiers, alors que les musées de la ville de Paris s’attendent à un déficit oscillant entre 12 et 17 millions d’euros, alors que pour Emma Lavigne, directrice du Palais de Tokyo c’est une « déflagration », et qu’Emmanuel Marcovitch, directeur délégué de la Réunion des Musées Nationaux voit s’élever à 30 millions d’euros le déficit de cette année, qu’en sera-t-il de l’industrie culturelle française dont nous sommes si fiers ? Pourquoi ce pan glorieux de notre économie se voit-il pour la seconde fois sacrifié ?
Il y a là des mystères qui m’échappent. Moi qui voulais retourner au Louvre, quand reverrai-je Michel-Ange ?