De sa résidence au Centre à Cotonou, au sud du Bénin, l’artiste néerlandais Mark Brusse a rapporté des créations plastiques multiples, empreintes de sa collaboration avec les artisans locaux et des traditions de la région d’Abomey. Du 6 décembre 2018 au 5 janvier 2019, la galerie Vallois met en lumière cette expérience qui a marqué profondément l’art de Mark Brusse.
Sur un socle blanc orné de quatre têtes masculines, une main bleue suspend le temps. Ouverte, elle nous fait signe de nous arrêter. Nous ne pouvons que lui obéir, soumis à son autorité sans visages, ainsi qu’aux regards vides mais intenses des Legba qui l’entourent. Ces éléments du culte vaudou de l’ancien royaume de Dahomey existent depuis longtemps dans les travaux de Mark Brusse.
Ce plasticien-baroudeur connaît l’Afrique, il l’aime. En 1996, il rencontre d’ailleurs Nelson Mandela, dans le cadre de la donation des cent œuvres « Artistes contre l’Apartheid ». De l’Afrique, Mark Brusse admire les cultures et les techniques. Son art dialogue avec ces savoir-faire hérités, au Bénin, du royaume fon, célèbre pour son rôle dans la traite des esclaves ainsi que pour ses créations artistiques centrées autour de la figure du roi. Il y a d’ailleurs quelque chose de royal dans l’autorité anonyme de cette main bleue, voir même de divin, comme le laissent supposer les Legba.
Le groupe statuaire en bois de teck Les Gardiens de la Main illustre l’un des trois médiums utilisés par l’artiste afin de mettre son œuvre en perspective : la sculpture, le textile, et les collages. Il ressort de l’ensemble de l’exposition un perpétuel échange culturel et temporel, où les techniques historiques du Bénin servent l’art contemporain de Mark Brusse, qui les adaptent sans jamais se les approprier. Mieux, il les comprend et les respecte et, ainsi, nous fait voyager.
Texte : Marie-Amélie Muriel
Crédit visuel : Mark Brusse, Les Gardiens de la Main, 2017, bois de teck, 79 x 32 x 31cm
Vallois 35
- Ville : Paris
- Pays : France