L’Ambassade de France en Italie, l’École française de Rome et la Surintendance spéciale pour l’archéologie, les beaux-arts et le paysage de Rome, lancent une nouvelle restauration des façades et des toitures du palais Farnèse, siège de l’ambassade de France en Italie et de l’École française de Rome, à partir du 1er mars 2021. Ce projet permettra de retrouver la beauté originelle des matériaux utilisés par quatre immenses architectes : Sangallo, Michel-Ange, Vignole et Della Porta.
Un chantier respectant les théories de la restauration
Depuis le XVIIe siècle, plusieurs campagnes de restauration se sont succédé au Palais Farnèse. Celle qui débute aujourd’hui se situe dans la continuité de ces opérations antérieures et notamment de celle du Jubilé de l’an 2000. Le parti pris retenu respecte les principes de restauration des monuments historiques en Italie, considérant le matériau comme une information primordiale à conserver. Les travaux s’appliqueront au nettoyage des enduits, à la consolidation des pierres, et à la révision de la couverture en tuiles anciennes.
Un travail important sera également conduit sur les menuiseries, qui seront remplacées pour retrouver, comme cela a déjà été fait sur les deux façades de la Piazza Farnese et de la via Giulia, les dessins originaux des menuiseries du XVIe siècle. La restauration du travertin et des parements en briques se fera en parallèle de la reprise des couvertures en tuiles « à la romaine ». Quant à la couleur des façades, elle sera retrouvée avec une patine d’harmonisation qui permettra d’éliminer les déséquilibres excessifs entre la façade restaurée sur la Piazza Farnese et les façades latérales. Des sondages et des prélèvements seront réalisés pour déterminer scientifiquement la composition des mortiers et enduits originaux, ceci afin de s’approcher au mieux de la création originelle.
La restauration des façades et des toitures du Palais Farnèse se fera en quatre tranches successives qui devraient s’étaler sur quatre ans :
La 1ère tranche commencera au mois de mars 2021, et s’attachera à la restauration de la façade de la via dei Farnesi, des menuiseries ainsi que des couvertures sur les versants de cette face. La 2ème tranche s’attachera à la restauration des façades, des menuiseries ainsi que des couvertures sur les versants de la via del Mascherone. La 3ème tranche sera consacrée à l’entretien de la façade principale donnant sur la Piazza Farnese, sur la révision de ses menuiseries, ainsi que la restauration des couvertures. Enfin, la 4ème tranche sera celle de la restauration des toitures de la via Giulia et du mur de clôture du jardin, ainsi que des couvertures sur les versants de la via Giulia. La totalité des travaux s’élève à un montant de 5,6 millions d’euros, financés conjointement par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Le mois de mars 2021, qui marque le début des travaux, sera l’occasion de préparer le chantier (échafaudages, montage du parapluie, palissade de chantier). La première étape suivante concernera le début de la dépose de la couverture et de la consolidation des charpentes. En parallèle, dès le mois d’avril, commencera, la fabrication des menuiseries extérieures et des serrureries. La restauration de la façade de la via dei Farnesi débutera en juillet. Le chantier a été pensé pour que l’impact des travaux soit minimal sur le voisinage.
Un projet collégial (2017-2021)
Le projet de restauration des façades et des toitures du palais Farnèse a débuté en 2017. Les maîtres d’ouvrage, l’Ambassade de France et l’École française de Rome, ont porté le projet en dialogue constant avec les autorités. Le maître d’ouvrage délégué est le service des travaux et bâtiments français en Italie (STBI). La maîtrise d’œuvre est assurée par l’agence de Pierre-Antoine Gatier, Architecte en Chef des Monuments Historiques et Inspecteur général des Monuments historiques.
Pour assurer la conformité du parti pris de restauration, un comité scientifique composé d’experts français et italiens s’est réuni à plusieurs reprises – en 2018, deux fois en 2019 et en 2020. Cette restauration est placée sous le contrôle scientifique de la Sopraintendenza Speciale Archeologia, Belle Arti e Paesaggio di Roma. Le chantier s’apprête à ouvrir en mars 2021.
De la restauration à la valorisation
Ces grands travaux de restauration sont l’occasion pour l’Ambassade de France en Italie et l’École française de Rome de mettre en valeur le patrimoine historique et artistique du palais Farnèse. Pour ce faire, des artistes et des chercheurs sont invités à contribuer à la connaissance et à l’appropriation de ce patrimoine unique. En ligne ou in situ, ils éclaireront l’édifice sous un nouveau jour, participeront à la diffusion des savoirs sur ce monument exceptionnel, présenteront les découvertes faites pendant les travaux et dévoileront l’envers du décor d’un chantier de restauration habituellement fermé au public. Pendant toute la durée du projet de restauration, des artistes seront invités à intervenir sur les palissades du chantier, proposant au public une relecture contemporaine du Palais Farnèse et des œuvres qui ont traversé son histoire.
L’histoire de l’édifice
Les façades de pierre et de brique du Palais Farnèse portent la marque de quatre architectes qui se sont distingués à Rome : Antonio da Sangallo, Michel-Ange, Vignole et Giacomo Della Porta. Dès 1513, Antonio da Sangallo lance le chantier des maçonneries de la façade principale, alors que le palais est déjà occupé par son propriétaire, le cardinal Alexandre Farnèse. En 1546, à la mort du premier architecte, Michel-Ange reprend le chantier ; il exécute la corniche du palais, modifie la grande fenêtre de la façade principale et réalise le deuxième étage de la cour intérieure. Vignole participe à l’édification, à partir de 1550, d’une partie de la façade de la via del Mascherone. Enfin, en 1573, Giacomo Della Porta entreprend la construction de l’aile arrière et achève en 1589 la façade donnant sur le Tibre.
L’élévation des façades du palais Farnèse se déploie ainsi tout au long du XVIe siècle. À ces noms fameux, il convient d’ajouter ceux des occupants du Palais, représentés sur la façade par des symboles précis : les festons, palmes et chêne du pape Alexandre VII Chigi, les épis de blé de la dynastie des Vasa à laquelle appartient Christine de Suède, qui y a un temps séjourné, ou les lys des Farnèse.
Devenues des témoignages manifestes de la Renaissance romaine, ces façades retrouveront leur beauté initiale à travers la mise en valeur des éléments inhérents à la construction (trous de boulins, enduits d’origine).