Initié en 1946, le Salon des Réalités Nouvelles a ouvert sa 72e édition au Parc Floral de Vincennes grâce à l’implication de son président Olivier Di Pizio et près de 400 exposants, toujours plus désireux de promouvoir une fenêtre ouverte sur l’abstraction dans les arts plastiques.
C’est dans ce cadre que L’Officiel Galeries & Musées a été de nouveau invité à attribuer un prix à l’un des artistes présentés. Exceptionnellement, une dérogation a permis de récompenser le travail de deux artistes sublimant le bois : Jenny Hollocou et Darko Karadjitch.
Le paysage de Jenny Hollocou
Sur une mince planche verticale se tient perpendiculairement en équilibre un petit monde forestier. Tout en bois, ce paysage escarpé s’étire en long comme un panorama, et invite l’oeil à se promener parmi les reliefs ondulants, autrement dit, parmi les aspérités de la matière naturelle. Car oui, Hollocou Jenny semble vouer un profond respect pour le bois qu’elle magnifie sans en altérer l’essence.
Au premier regard, le passage de la main de l’artiste reste discret tant la présence de la matière prédomine : l’écorce est brute et les veines du bois apparentes.
Pourtant, cette stabilité visiblement précaire ne peut être que la résultante d’une volonté purement humaine. L’ensemble paraît tenir sur un point d’appui périlleux, risquant de s’effondrer à tout moment. Ce même pilier, d’ailleurs, contraste avec ce qu’il soutient : s’il est également en bois, lui a été paradoxalement décapé de son écorce, vigoureusement lissé, voire même poncé.
Ce morceau poli fait écho à celui qui trône fièrement comme un pic au milieu du paysage. A l’image d’une pyramide, il revêt un forme géométrique soigneusement mesurée et calculée, qui diverge fortement, ici, avec les lois de la Nature. Sa silhouette triangulaire dépasse les collines, tel un building new-yorkais en pleine forêt. Sa présence accentue l’impression d’un déséquilibre en cassant l’harmonie d’un micro-cosmos éphémère.
Avec cette sculpture, Jenny Hollocou semble à la fois jouer de la matière, de l’espace et du temps, pour toucher à l’ordre du sensible et à la vulnérabilité du monde naturel qui nous entoure. Des questions, afférant à la cohabitation entre l’Homme et son environnement, viennent à l’esprit sans pour autant soulever quelconque accusation directe : c’est en poésie que Jenny Hollocou éveille les consciences.
L’ondulation de Darko Karadjitch
Suspendue à un fil, une mince ondulation en bois parfaitement polie se mue dans l’espace. Tel un serpent majestueux, son corps ondoie pour charmer sa proie, pour hypnotiser l’attention. Elégance, légèreté et prestance pourraient être les mots pour décrire sa délicieuse danse, des adjectifs qui ne laissent en rien présager le profil puissant et ténébreux du chorégraphe : l’artiste Darko Karadjitch.
C’est dans son atelier parisien à Montmartre que ce Yougoslave a donné naissance à cette délicate pièce dépassant le mètre, fruit d’un mariage entre savoir-faire de l’ébéniste et don de l’artiste. Sous les doigts de Darko Karadjitch, la rigidité du bois semble s’être envolée pour devenir souplesse et douceur. En se déplaçant et s’élevant dans le ciel, cette sculpture aérienne évoque la valse d’une plume, une impression renforcée par sa forme oblongue et allongée. Il se dégage d’elle une aura quasi-mystique : est-ce un effet provoqué par le rehaut doré soulignant sa cambrure ? Est-ce parce qu’elle évoque un objet de dévotion, voire même, un objet chamanique ? Quoi qu’il en soit, son charisme fascine, mieux encore, il envoûte.
Jenny Hollocou et Darko Karadjitch ont reçu le prix “L’Officiel Galeries & Musées 2018” du Salon Réalités Nouvelles 2018, remis par Anne-Laure Peressin, rédactrice en chef du magazine.
Texte : Anne-Laure Peressin
Infos : Salon Réalités Nouvelles
Parc Floral de Paris
Du 21 au 28 octobre 2018
Reproduction photo ©Officiel des Galeries et Musées
Parc floral de Paris
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