La galerie Vallois présente du 3 mai au 2 juin +53 Cuba Sí!, une exposition qui regroupe une douzaine d’artistes contemporains cubains.
Dans le cadre de la semaine de l’Amérique Latine et des Caraïbes, l’exposition présente la diversité et richesse de l’art contemporain cubain. Axé sur l’identité de cette nation, le titre de l’exposition +53 Cuba Sí! comprend même son indicatif téléphonique, le +53. Un éventail d’artiste montrant cette variété culturelle s’installe alors à Saint Germain des Prés, pour nous plonger dans les différentes formes et méthodes artistiques, de la sculpture à la peinture, en passant par la photographie.
En présentant les totems organiques d’Agustín Cárdenas, l’art cubain révèle l’un de ses premiers atouts : reconnu comme l’un des sculpteurs majeur du XXème siècle à l’échelle internationale, l’artiste fait danser les formes qui s’assemblent puis se séparent, créant ainsi une tension entre le vide et le plein. Il puise son inspiration dans les totems dogons, peuple du Mali, pour en rendre un aspect pleinement contemporain, semblable aux sculptures de Constantin Brâncuşi ou Jean Arp.
Après avoir montré un des artiste phare de son histoire, l’exposition met l’accent sur la jeunesse contemporaine, déjà imposée à l’international. Pablo J., jeune étudiant à l’Académie des Beaux Arts de Cuba, fascine par ses peintures hyperréalistes d’une illusion déroutante. En laissant volontairement des éléments inachevés dans certaines de ses toiles, l’artiste nous rappelle, tel un magicien ayant terminé son tour, qu’il ne s’agit que d’illusion. Son goût particulier pour les sujets dérangeants est accentué par cette parfaite maîtrise de la technique académique, qui rend le trouble d’autant plus saisissant.
L’éclectisme de l’art actuel cubain n’est pas seulement souligné par la diversité des moyens, mais également des genres : nous passons de l’hyperréalisme dérangeant de Pablo J. à l’univers pop de Mabel Poblet. L’artiste compose ses toiles en juxtaposant et accumulant un motif floral sur la surface. Ainsi, par le détail elle figure l’ensemble, dont l’incessante répétition, ainsi que l’utilisation de couleurs primaires telles que le bleu et le rouge, nous fait irrémédiablement penser à l’univers du pop-art et de la publicité. En se mettant en scène comme le faisait Cindy Sherman, Mabel Poblet nous pousse à porter une réflexion sur le corps, la figure féminine et ainsi l’image que nous avons de nous même. Parfois imprégné de questions sociétales, d’autres fois d’inspirations culturelles, mais constamment d’une grande esthétique, la galerie Vallois nous présente un art complet, dont encore tant est à découvrir.
Texte: Marilou Mercier
Crédit Visuel: Agustín Cárdenas, Le baiser, 1974. Bronze Tesconi 3/8, 48 x 15 x 11 cm