La Galerie Sifrein présente du 23 mars au 28 avril 2018 l’exposition I musicisti, regroupant les œuvres du peintre italien Pietro Sganzerla.
Au premier coup d’œil, les portraits de Pietro Sganzerla semblent familiers. Le peintre reprend et redonne vie aux tableaux représentant les grands-maîtres de la musique classique. Passant de Wolfgang Amadeus Mozart à Ludwig van Beethoven, l’artiste se réapproprie les portraits connus et marqués dans les mémoires collectives, et ose transformer ces figures immuables.
À la vue de ces peintures de taille humaine, nous sommes transportés dans une autre dimension. Pietro Sganzerla opte pour des personnalités renommées, appartenant à autre époque, et leur redonne vie par des jeux de composition et de couleur. Ici, les musiciens classiques que nous connaissons, se voient attribuer un double, coloré, animé par des teintes audacieuses. Des aplats de nuances vives et homogènes sur les vêtements contrastent avec les détails des visages, les fonds, comme coloriés au feutre, laissent apparaître chaque touche, chaque geste du peintre. Ces artistes de renom ressuscitent sur la toile : dans un univers qui diffère du leur, une palette de couleur, à la limite du psychédélisme, leur insuffle une nouvelle vie.
Cette renaissance s’opère sur la toile et se caractérise par une multitude de lignes qui animent leur visage. Comme si chaque nerf, chaque muscle était représenté, des traits fins et courbés se sont posés sur la peau blanche des musiciens, recouvrant les quelques aplats multicolores rythmant ces figures. Les lignes noires se créent comme des lignes d’une partition musique, des tatouages énigmatiques se forment alors. Une ambiance mystérieuse se dégage de l’œuvre : seul le blanc des yeux est immaculé, leur regard énigmatique plonge dans le nôtre.
En reprenant des portraits connus, l’artiste se place dans la lignée de Warhol et de ses sérigraphies. Serait-ce, comme le maître du pop art, une critique du flux continu de la représentation des personnalités? Les portraits de Pietro Sganzerla sont simplement réappropriés, colorés, composés par une multitude de traits : nous sommes alors invités à lire entre les lignes.
Texte : Angèle Imbert
Crédit Visuel : Pietro Sganzerla, Wolfgang Amadeus Mozart, 1756 Salzbourg – 1791 Vienne technique mixte sur papier, 2017, 72×102 cm