Du 1er décembre au 10 février 2018, la galerie Schwab Beaubourg présente une centaine de bronzes de l’artiste Marc Petit : des figures décharnées à la présence saisissante, étranges miroirs de la condition humaine.
Depuis plus de trente ans, dans son atelier installé près de Limoges, Marc Petit fait émerger sans relâche corps difformes et vieillis, regards épuisés et visages émaciés. Une saisissante forêt de personnages, marquée par un travail presque douloureux de la matière, dont les stries et les entailles semblent laisser transparaître des intériorités déchirées. Pour autant, ce n’est pas un sentiment tragique qui émane de ces oeuvres : nous y percevons plutôt la tentative de dessiner, à travers les paysages de ces multitudes de corps singuliers, un portrait plus universel d’une difficulté commune à exister et à traverser le temps qui éprouve les êtres et se dépose peu à peu sur leurs chairs et leurs gestes.
Né en 1961 à Cahors, l’artiste apprend la sculpture en autodidacte, au gré d’expériences variées, dont une formation de tailleur de pierre, ainsi que de rencontres qui font évoluer son approche de la matière. Il se forme ainsi au contact des sculpteurs Jean Lorquin et René Fournier, tous deux anciens élèves des Beaux-arts de Paris. Il a exposé depuis dans de nombreux pays européens et, en 2016, la revue Miroir de l’art l’a placé en première place de sa liste des plus grands sculpteurs contemporains. La galerie Schwab Beaubourg, qui lui consacre déjà un espace permanent, expose cet hiver ses bronzes les plus récents, de petits et grands formats. Dans l’espace clair et lumineux de l’exposition, les figures se succèdent, seules ou par groupes errants, déboussolées, figées dans un geste avorté. Le silence s’épaissit autour de nous, tandis qu’une indicible communion s’établit entre leurs corps et les nôtres.
Lorsqu’on le questionne sur son travail, Marc Petit évoque beaucoup la notion de beauté, une beauté humaine, et non pas lisse et canonique, qu’il cherche à retrouver dans les formes mutilées qu’il façonne. Une beauté, selon ses propres termes, « qui sent l’humain, pas le savon ». Alors même que les corps semblent se désagréger sous nos yeux, que l’on ressent profondément que la mort menace de fondre sur eux, il persiste toujours un regard, un trait expressif du visage, une ébauche de mouvement qui parvient à transcender les personnages et à faire surgir la poignante vérité de leur humanité. Beauté, donc, d’une condition universellement partagée, d’une douleur et d’un dépérissement connus de tous et pourtant demeurant inaltérablement étrangers, dont l’immuabilité du bronze permet une appréhension plus réelle.
Vernissage le samedi 2 décembre 2017 de 18h à 21h
Texte : Alix Ricau
Crédit Visuel : Sur le pont, Marc Petit, 2017 © Galerie Schwab Beaubourg