Du 24 novembre au 13 janvier, la galerie David Guiraud présente dans l’exposition Éros solaire l’artiste Czanara. Découvrez un des derniers grands artistes érotiques du XXe siècle.
Le nom de Raymond Carrance ne vous dit rien ? Pourtant, cet artiste né en 1921 fréquente sous le pseudonyme de Czanara le milieu artistique parisien dans les années 1950-70, et est plusieurs fois exposé. Il rencontre ainsi Jean Cocteau, Bernard Buffet ou encore Christian Dior, qui l’encouragent à poursuivre son œuvre. De peintre, il devient également illustrateur et conçoit les gravures et les lithographies d’éditions prestigieuses, de Jules Renard à Cyrano de Bergerac, mais encore de La Ville dont le prince est un enfant d’Henry de Montherlant, avec qui il se liera d’amitié. Il meurt en 1998, sans héritier et oublié de tous. Son œuvre est d’abord vendue aux enchères, puis rachetée par le collectionneur américain David Deiss, qui l’emporte avec lui aux États-Unis.
L’histoire aurait pu en finir là, mais l’artiste, précautionneux, avait pris le soin de confier une centaine de photographies originales à son ami Patrick Sarfati. Etait-ce dans le but de sauver une partie de son œuvre ? Le mystère reste entier, mais c’est cette collection inédite qui sera exposée pour la toute première fois. Peintre, illustrateur, c’est ici le Czanara photographe, moins connu, auquel rend hommage la galerie David Guiraud.
Raymond Carrance, malgré l’oubli dans lequel il a sombré, est considéré par les connaisseurs comme l’un des derniers grands artistes érotiques du XXe siècle. Parmi cette collection unique se trouvent des tirages argentiques des années 1950 à 1960 ainsi qu’une vingtaine de photomontages en couleurs des années 1970. Ses compositions sont originales et travaillées minutieusement : tantôt lyriques, parfois excentriques, elles révèlent un érotisme empreint d’émotion, une célébration de la beauté du corps masculin. On compte également de précieuses planches de collage réalisées par l’artiste, dévoilant ses pulsions obsessionnelles et homosexuelles.
Ces photographies sont la possibilité d’une plongée dans l’intimité de l’artiste, une immersion totale dans son inconscient, puisqu’elles ne furent pas destinées à être rendues publiques. Il utilise notamment ses clichés, entremêlant son travail et sa vie, pour figer des formes dans lesquelles il puise son inspiration et qu’il exploite pour ses peintures et ses dessins. Ici, l’œuvre d’art devient une catharsis permettant à Czanara de satisfaire son imaginaire, ses rêves et ses fantasmes.
Vernissage le jeudi 23 novembre à 18h.
Texte : Alix Meynadier
Crédit visuel : ©Galerie David Guiraud