Du 17 novembre 2017 au 12 janvier 2018, la galerie Topographie de l’Art présente l’exposition Clouzot et les arts plastiques, Une suite contemporaine, qui offre un nouveau regard sur le rapport privilégié du cinéaste aux arts plastiques.
« S’il tient une place certaine dans l’histoire du cinéma, Clouzot en tient une, également, dans l’histoire de l’art ». Comme l’affirme Paul Ardenne, commissaire de l’exposition, impossible de séparer le cinéaste Henri-Georges Clouzot (1907-1977) du monde de l’art : d’abord parce qu’il l’a immortalisé par le biais du documentaire avec Le Mystère Picasso en 1955, puis de la fiction dans La Prisonnière, en 1968 – où les passions amoureuses et créatrices du peintre d’avant-garde Gilbert Moreau sont incarnées par Bernard Fresson – et surtout grâce au fascinant travail plastique révélé à travers ses œuvres. L’Enfer, film mythique et inachevé de 1964, a ainsi marqué les esprits pour ses nombreuses expérimentations esthétiques nourries des recherches artistiques des années 1960, menées par le réalisateur avec une ardeur obsessionnelle. La caméra y fait corps avec le cerveau maladivement jaloux de Marcel, un gérant d’hôtel paranoïaque qui soupçonne sa femme Odette de le tromper, et transcende, par le prisme de cette folie obsessionnelle, le magnétisme émanant tant du personnage d’Odette que de l’actrice, Romy Schneider. Sublimée par les contrastes lumineux et le raffinement du maquillage, l’icône du 7e art incarne, ici, un matériau plastique sous le regard d’Henri-Georges Clouzot.
Cet aspect de son travail est au coeur de l’exposition où se réunissent treize artistes contemporains inspirés par l’homme et son œuvre. Dessins, sculptures, peintures… A travers des médiums variés, tous explorent, interrogent, actualisent les thématiques et l’esthétique du cinéaste à l’image de la plasticienne Tia-Calli Borlase et de sa sculpture Les renards et le Tralala / JENNY LAMOUR en référence à la volupté bien connue de l’héroïne du Quai des Orfèvres (1947), incarnée à l’écran par Suzy Delair. Dans une sensualité décousue, la voici mise à nu par des attributs féminins ouvertement objectivés : léger déshabillé découvrant la chair, boa de fourrure dont il ne reste que le squelette gracile et chevelure blonde exemplaire du glamour hollywoodien révèlent la construction fragile de l’esthétique du personnage. Les œuvres invitent alors à une promenade intimiste dans l’univers du cinéaste, relu à la lumière des histoires personnelles des artistes et de leurs sensibilités contemporaines.
Vernissage le vendredi 17 novembre à 18h.
Texte : Alix Ricau
Crédit Visuel : Tïa-Calli Borlase, Les renards & le Tralala / JENNY LAMOUR, sculpture, baleine Plastique et protège armature en tissu, mannequin de couture, tarlatane. ©Galerie Topographie de l’Art