Du 6 octobre au 18 novembre, la galerie David Guiraud présente Une œuvre, 1952-1986 du photographe international Jesse Antonio Fernandez ; des clichés rares, toujours en noir et blanc, entre les Amériques et l’Europe.
Artiste américain d’origine espagnole, né à Cuba et mort à Paris, Jesse A. Fernandez (1925-1986) est à la fois ici et là-bas. Formé à l’Académie des Beaux-Arts de La Havane puis à New-York, porté de l’Amérique jusqu’en Europe, son œuvre comme son âme se forge au fil de ses voyages et de ses rencontres. Témoin de la révolution cubaine, un temps photographe « personnel » de Fidel Castro, il tire le portrait d’anonymes et des grandes personnalités artistiques qu’il côtoie. Des clichés noir et blanc, exclusivement captés en lumière naturelle, comme autant d’instantanés criant de vérité et de sobriété.
Quelle destinée que celle d’un homme qui se rêvait peintre ! Connu et reconnu à travers le monde pour ses photographies, Jesse A. Fernandez se définit en effet d’abord et avant tout comme peintre ; « Jesse était un peintre de vocation que la vie a transformé en photographe d’occasion », dit de lui son ami l’écrivain cubain Guillermo Cabrera Infante (1929-2005). C’est en 1952, fraîchement installé à Medellín, en Colombie, que ce pur autodidacte commence à prendre des photos : « La Colombie est un pays pour la photographie et à Medellin elle devint pour moi une forme de contact avec la réalité », confie Jesse A. Fernandez, poursuivant : « C’est là que j’ai trouvé ma propre technique. Je ne connaissais rien à la photo, je ne savais même pas ce qu’était un diaphragme. » Influencé par Henri Cartier Bresson et Walkers Evans, tirant ses enseignements dans les livres, l’artiste peaufine son regard et sa sensibilité. De ses premières images, entre documentaire et photojournalisme – il est notamment un témoin privilégié de la révolution cubaine et photographe attitré de Fidel Castro et son entourage –, c’est à titre de portraitiste que Jesse A. Fernandez accède au Graal de la reconnaissance.
Ses portraits frappent, subjuguent. Sur fond nu ou peu encombré, en extérieur, dans un salon ou un bureau, le photographe immortalise ses sujets en situation, captant un regard, un sourire. A New-York, Madrid, La Havane ou Paris, l’artiste part à la rencontre de ceux et celles qui l’inspirent, anonymes, écrivains, peintres, comédiens, danseurs ou musiciens. Celui qui imagine la photographie comme une peinture ne laisse rien au hasard : sur papier comme sur toile, Jesse A. Fernandez s’attache à restituer l’instant dans toute sa magie et son authenticité. Ses portraits les plus iconiques restent incontestablement ceux issus de ses rencontres artistiques : Alicia Alonso, Marlène Dietrich, Françoise Sagan, Elisabeth Taylor, Salavdor Dali, José Luis Borges, Joan Miró, Ernest Hemingway, Marcel Duchamp, Mile Davis…la liste est longue. Des images saisissantes, parfois poignantes, dans un dialogue tout en intimité avec l’un des plus grands photographes contemporains.
Vernissage le jeudi 5 octobre à partir de 18h.
Texte : Léa Houtteville
Crédit visuel : Jesse A. Fernandez, Salvador Dali à New York en 1957, 1957.