Du 21 septembre au 28 octobre, les galeries Berthet-Aittouarès et Protée, fortes de deux collaborations passées, s’associent pour présenter Les Noirs de Marfaing, cinquante peintures et lavis réalisés de 1958 à 1986 par André Marfaing.
« Les autres disent que je peins en noir et blanc. Ne voient-ils autre chose ? », écrivait André Marfaing (1925-1987). Né à Toulouse au sortir de la Première Guerre mondiale, l’artiste peintre et graveur fait partie de cette génération s’étant engagée dans la voie de la simplicité, brandissant son goût exalté pour l’abstraction ; un œuvre dénué du superflu, mais empreint d’une rare intensité visuelle. André Marfaing décrit la peinture comme « une des aventures qui permet à l’homme de sortir du chaos », tant et si bien qu’entre le noir et le blanc la lumière émerge, plus magnétique que jamais.
Soucieux de se débarrasser du poids du sujet, il tente de donner corps à l’implicite, jouant sur la matière et l’espace, les ombres et les contrastes. Le fond blanc agit comme un contre-jour éblouissant, tandis que le noir se décline en une multitude de nuances : du carbone au goudron, en passant par l’ébène ; des teintes bleutées, ocrées ou même dorées. Impossible ici de ne pas songer aux œuvres monochromes du peintre Pierre Soulage, son ami, avec qui il partage ses origines du Sud-Ouest, une passion pour l’art roman et bien entendu l’amour du noir. Armé de brosses ou de spatules, André Marfaing peint, ardemment. Dans une alternance de surfaces pleines et vides, des aplats noirs plus ou moins larges façonnent la toile, figurant la lutte entre l’ombre et la lumière. Le geste semble instinctif, telle une pulsion sauvage ; derrière l’apparent chaos se cache pourtant la maîtrise d’un artiste qui souhaitait « dire une chose totalement avec le moins de mots possibles ».
Le lent mais sûr chemin vers le dépouillement se confirme au fil des Noirs de Marfaing présentés dans cette rétrospective des années 1958 à 1986. Les œuvres du peintre sont le miroir de sa quête de pureté, d’absolu et de rigueur. Tout discours s’efface pour laisser place à l’ascétique puissance qui émane de la peinture, captant le regard avec force. Et puisque les détails en disent toujours long, André Marfaing ne titre jamais ses œuvres ; préférant laisser sa liberté d’interprétation au visiteur, seuls les format, date et technique utilisés figurent au bas de ses toiles. Chaque œuvre du peintre toulousain impose ainsi une conversation intime et secrète ; une parenthèse dans l’abyssalité du temps et de l’espace.
Vernissage le jeudi 28 septembre.
Texte : Léa Houtteville
Crédit visuel : André Marfaing, Avril 82-72, 1982, acrylique sur toile, 116 x 89 cm ©galerie Berthet-Aittouarès.