Les sculptures en carton de Pierre Ribà

La galerie GNG Gilles Naudin vous invite à découvrir le travail de Pierre Ribà. Visible jusqu’au 2 juillet, l’exposition Chants d’ombre et de lumière nous aide à appréhender l’originalité et la poésie de sculptures faites à partir de carton récupéré. 

/// La rédaction

Rarement une fin en soi, mais usuellement un moyen — moyen d’emballer, de protéger, de transporter — le carton n’a en rien la noblesse du marbre ou du bronze. C’est pourtant le matériau qu’a choisi l’artiste Pierre Ribà pour le placer au coeur de son travail. Cette matière triviale revêt entre les mains du sculpteur une autre allure. A partir de dessins préparatoires, Pierre Ribà travaille le carton cannelé sur la tranche. Le carton est découpé au cutter, assemblé et collé. La résine vient sceller ces nouvelles formes, en solidifiant la matière afin de permettre à ce matériau fragile de résister aux aléas du temps. Les motifs des tranches de carton dessinent comme des nids d’abeilles vacillants entre l’ombre et la lumière, entre les vides et les pleins.

Pierre Ribà s’affranchît de la couleur au profit du noir et blanc ou de la matière brute. Les sculptures laissées à l’état brut sont recouvertes de cire d’abeille. La patine blanche est obtenue à partir d’un mélange de blanc de titane et de cire liquide. La patine noire, quant à elle, résulte d’un mélange de graphites en poudre. Cette manière de travailler le monochrome fait émerger quelque chose de minéral qui fait tendre ces sculptures vers l’universel. Vestiges d’une autre civilisation, peut-être même d’une autre planète, elles semblent avoir traversé le temps, comme si elles nous précédaient et allaient finalement nous survivre malgré l’aspect originellement éphémère du carton. Il y a ici quelque chose de paradoxal qui non seulement transcende un matériau trivial pour lui faire accéder au statut noble d’œuvre d’art, mais qui également lui accorde une éternité presque cosmique malgré la fragilité apparente du carton. Sculptures énigmatiques et silencieuses, les œuvres de Pierre Ribà semblent transporter un secret à travers le temps et l’espace.