/// Yasmine OUYAHIA
Qui est réellement Vincent Van Gogh dont les œuvres sont légendaires aujourd’hui ? Qui n’a pas déjà croisé l’un de ses chefs-d’œuvre comme La nuit étoilée 1889 ? Ou les deux autoportraits qui racontent l’histoire de son oreille coupée ? Né en 1853 dans une famille Bourgeoise de marchands d’art, Van Gogh a choisi de peindre plutôt que de prêcher bien que sa vie fût difficile et misérable. Théo, son frère cadet, par le biais de leur correspondance commune, constituait pour lui un soutien émotionnel de taille et lui apportait également son aide économique, finançant ses activités de peintre dès lors qu’il fut chassé de leur maison.
Pourquoi se donner la mort dans cette ville ? Vincent est venu à Auvers-sur-Oise le 20 mai 1890 après avoir été interné à l’asile de Saint-Rémy. La présence du Docteur Gachet ami des impressionnistes, mais aussi spécialiste dans le traitement de la mélancolie l’a convaincu de venir s’installer dans cette commune. Raison pour laquelle une partie de l’exposition lui a été consacrée, lui qui était un collectionneur et un amateur d’art. Du sud au nord de la France, le travail de cet artiste n’est pas resté exactement le même. Cette période sombre raconte une vie, un mystère, et c’est ce dont il est question au sein de cette exposition. Ce parcours riche et narratif ne se résume pas à des tableaux, mais il rajoute à cette dimension artistique quelque chose de peu abordé, qui est la question de la belle plume de Van Gogh à travers un ensemble de lettres descriptives de ses œuvres et de son état d’esprit. Ce côté littéraire donne beaucoup de sens à ses œuvres concernant les couleurs qui s’étaient dégradé au fil du temps tel que Les champs de blés aux iris 1888, réalisé de 13 pigments par Van Gogh ce qui a été retrouvé dans le détail de la lettre datée de 12 mai 1888. Il s’agit de son rapport à son travail et son psychisme : il se confie à son petit frère concernant son sentiment de solitude, ses craintes, ses peurs et ses angoisses qui l’envahissent, mais sans pour autant l’inquiéter.
La palette de Vincent est une source de réflexion auprès de ses correspondances qui dessine cet univers propre à lui d’artiste maudit. Les couleurs qui dominent dans ses dernières œuvres sont tout l’opposé des tableaux réalisé à la ville d’Arles où le jaune et les claires occupent une grande place. Cette fois, le camaïeu de bleu-vert surgit en grande partie : c’est pourquoi les murs qui portent les tableaux de Vincent lors de cette exposition au musée d’Orsay sont tantôt bleu tantôt Bleu-vert et une fois blanc-gris quand il est question des champs vides. Ce choix des couleurs n’est pas anodin puisqu’il crée une mélancolie chez le visiteur qui, à son tour le rattache au ciel gris des villes nordiques.
La découverte de l’artiste à travers ses derniers mots, ses dernières couleurs et ses dernières inspirations donne une dimension particulière à cette exposition, qui montre cette volonté du peintre de guérir par le biais de sa passion qui ne le quitte pas. Il travaille le motif, l’espace et la couleur qu’il extériorise de son corps comme les démons qui le possèdent pour transformer cette petite ville en musée à ciel ouvert, s’appropriant ainsi cet endroit pour en faire son monde. Vincent Van Gogh a peint ce qui le tourmente luttant, contre ses crises et se demandant quelle a été sa place dans le monde de l’art, chose qu’on peut rattacher à l’art thérapeutique qui parle au spectateur d’aujourd’hui. Ces parcours narratifs reconstituent ses souffrances qui le poussèrent au suicide dans l’un des champs qu’il avait jadis peint, provoquant des émotions fortes chez le public. Par son dernier acte de partir avant que la passion ne le quitte, Van Gogh force notre admiration éternelle.
Musée d’Orsay
- Adresse : 1 rue de la Légion d'Honneur
- Code postal : 75007
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 40 49 48 14
- Site Internet : www.musee-orsay.fr