Paysages en construction

Dans l’œuvre de Patrick Bastardoz, le temps semble suspendu, inscrit dans la matière même des choses. Ses peintures, souvent désertées de toute présence humaine, évoquent un monde en veille, où les constructions inachevées, les wagons rouillés et les objets oubliés portent les stigmates d’un passé incertain.

Patrick Bastardoz propose une véritable relecture de nos environnements, de ces zones souvent marginales ou transitoires que l’on traverse sans les voir. À travers ses toiles, les chantiers cessent d’être de simples lieux de passage ou d’attente pour devenir des symboles silencieux d’histoires interrompues. Ces lieux habituellement ignorés conquierent un présence presque mystique, et deviennent les vestiges d’un monde en mutation.

Par les traces de rouille et les dégoulinures qui parcourent ses peintures, on perçoit une toile en mouvement, presque vivante, qui semble elle-même traversée par le temps. Ces marques, loin d’être de simples effets de matière, deviennent les signes d’une transformation en cours, comme si l’objet représenté continuait à se modifier, à vieillir, sous nos yeux.

Les thèmes de la construction, des lieux, du temps et du médium pictural lui-même sont au cœur de cette œuvre profondément ancrée dans le réel. Bastardoz peint non pas ce qui est spectaculaire, mais ce qui persiste, ce qui attend, ce qui porte la mémoire diffuse d’un usage ou d’un rêve. En cela, il nous invite à réévaluer notre regard, à accorder une attention nouvelle aux interstices du paysage contemporain, ces fragments d’oubli où la peinture redonne sens et présence.