Jusqu’au 31 décembre, la Galerie Templon accueille l’artiste malien Abdoulaye Konaté pour sa première exposition dans leur espace parisien. L’intitulé « Le tissu du réel » renvoie à ses toiles textiles, qui sont toutes aussi colorées que énigmatiques. Avec un langage visuel riche, Abdoulaye Konaté explore les grands enjeux de notre époque, touchant à la fois à des sujets comme le fanatisme religieux et la justice sociale.
///Melian Pussey
Figure majeure de la scène artistique africaine, Abdoulaye Konaté (né en 1953) pratique les arts visuels depuis les années 1970. Il se forme à l’institut National des Arts de Bamako, duquel il sort diplômé en 1976. Ses études se poursuivent à l’Institut Supérieur des Arts Plastiques de La Havane à Cuba. À partir de 1985, il travaille dans plusieurs institutions culturelles, dont le Musée National du Mali en tant que chef de la Division des expositions et dans plusieurs autres établissements maliens. S’il s’adonne principalement à la peinture à ses débuts, les années 1990 marquent le moment où il décide d’explorer les possibilités du textile. Ce tournant lui sourit, puisque ses travaux rencontrent un vif succès au niveau national comme international. Il prend, effectivement, part à de nombreuses expositions collectives et individuelles dans plusieurs pays d’Europe, d’Afrique et d’Amérique du Nord.
Le tissu du réel marque son retour à Paris, où ses réalisations ont déjà été présentées quelques années auparavant, notamment en 2011 à l’Institut Arabe, en 2013 au Musée d’Art Moderne de Paris et en 2017 à La Villette.

La Galerie Templon dévoile dix de ses ensembles monumentaux. L’image mise en avant [1] donne une idée de leur taille imposante. Ceux-ci sont entièrement cousus à la main à partir de matériaux africains comme les chutes de bazin et les tissus camerounais. Abdoulaye Konaté puise dans de nombreuses traditions, s’inspirant à la fois de la céramique tunisienne et des textiles berbères. Il incorpore également des éléments de l’artisanat malien et de l’art tibétain. Toutes ces références sont invoquées grâce à de longues recherches documentaires et à un travail préparatoire exigeant. Avant de s’attaquer à la broderie, l’artiste réalise des esquisses au feutre, révisées ensuite par ordinateur. Le modèle final est alors utilisé pour l’agencement des languettes, découpées et teintées, pour former de vastes registres de nuances ornées de formes géométriques. Ses expérimentations chromatiques trouvent également des résonnances avec les travaux de créateurs comme František Kupka (1871 -1957) et Mark Rothko (1903 – 1970).


Ses compositions sont investies d’une intensité poétique rare, jouant des couleurs pour créer de véritables spectacles visuels puissants. Bien que Abdoulaye Konaté se décrit comme humaniste plutôt que politique, ses toiles textiles servent de terrain d’exploration de sujets importants. Il aborde les grandes tragédies de notre temps et les fractures nées de la mondialisation. Pour le « maître », la réconciliation entre prospérité occidentale et
spiritualité africaine est nécessaire. Ainsi, il conjugue les deux dans ses œuvres tissées en « associant modernisme occidental et symbolique africaine »[2].
Notes :
[1] Abdoulaye Konaté – Galerie Templon Paris – © Tanguy Beurdeley
[2]« ABDOULAYE KONATE », dans La Galerie 38 , [Consulté le 21 novembre 2025], disponible à l’adresse : https://www.lagalerie38.com/artistes/abdoulaye-konate/
Galerie Templon Paris
- Adresse : 30 rue Beaubourg et 28 rue du Grenier Saint-Lazare
- Code postal : 75003
- Ville : Paris
- Pays : France
- Tel : 01 42 72 14 10
- Site Internet : https://www.templon.com/fr/
