A la poursuite des précurseurs de l’impressionnisme

A la poursuite des précurseurs de l’impressionnisme

Depuis le 15 octobre, trois musées du Val-d’Oise ont décidé de s’associer dans l’élaboration d’une vaste exposition thématique qui met à l’honneur trois peintres paysagistes considérés comme précurseurs du mouvement impressionniste. Au musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de la petite ville de L’Isle-Adam, les commissaires mettent en avant le travail du peintre Jules Dupré qui occupe déjà une place prépondérante dans la collection permanente du musée. Quant au musée Daubigny de Auvers-sur-Oise, l’occasion se prête parfaitement pour promouvoir leur artiste phare Charles François Daubigny. Enfin, le musée Camille-Pissarro présente les œuvres de l’artiste éponyme ayant travaillé une longue partie de sa vie à Pontoise. L’exposition « Impressions au fil de l’Oise » s’inscrit dans le projet de l’association Destination Impressionnisme de la Vallée de l’Oise – fondée en 2021 – révélant la place majeure du Val d’Oise en tant que foyer artistique du XIXe siècle.

/// Lolita Fragneau

Cette exposition conjointe prend ses racines dans un postulat simple : celui de valoriser les paysages du territoire en établissant un éclairage différent ancré dans les traditions artistiques des pré-impressionnistes, afin de transmettre ce patrimoine culturel aux générations futures. En effet, au XIXe siècle, de nombreux artistes se rassemblent dans la vallée de l’Oise et réaniment les paysages qui leur font face, source inépuisable d’inspiration picturale.

Jules Dupré, Le Pêcheur, Entre 1860 et 1870
Pastel sur papier marou!é sur toile
101 × 70 cm
L’Isle-Adam, musée d’Art
et d’Histoire Louis-Senlecq

A L’Isle-Adam, Jules Dupré (1811-1889) est le peintre principal de la collection permanente. C’est en 1845 qu’il s’installe dans la ville où il y partage au début un atelier avec le peintre Théodore Rousseau. Il trouve dans les paysages du Val d’Oise les éléments qui constitue son iconographie personnelle (les arbres, l’eau, et les ciels nuageux). L’exposition met en avant au deuxième étage des artistes qui ont été ses élèves comme Pierre-Isidore Bureau ou Renet-Tener, et d’autres qui gravitaient autour de lui tel que son frère Léon-Victor Dupré. Les œuvres de Jules Dupré et celle de son ami Théodore Rousseau sont joliment mis en parallèle au premier étage dans un face à face déroutant, brouillant les frontières entre leurs deux productions.

En outre, l’exposition du musée de Auvers-sur-Oise s’attache à montrer comment le style du peintre Charles François Daubigny (1817-1878) évolue progressivement vers l’impressionnisme. L’artiste emménage en 1860 à Auvers-sur-Oise qui devient rapidement un épicentre artistique grâce à Daubigny. Là-bas, il y construit un bateau-atelier qui lui permet de peindre des scènes plus larges dont l’atmosphère prime sur le reste. Comme son contemporain Jules Dupré, il s’intéresse autant à la peinture qu’à la gravure et aime expérimenter de nouvelles techniques tel que le cliché-verre dont on peut retrouver un exemple dans l’exposition. Les peintures de son entourage prennent une place considérable dans l’exposition, présentant des artistes comme Corot, Léonide Bourges, et certains de ses élèves comme Charles-Edouard Elmerich et Emile-Charles Lambinet.

Charles Edouard Elmerich, Daubigny peignant dans sa barque, Vers 1857-1860
Huile sur toile
61,3 × 50 cm

A Pontoise, Pissarro (1830-1903) s’est imposé dans la naissance de l’impressionnisme, même si son rôle a longtemps été négligé par les historiens de l’art. Reconnu comme anarchiste, il s’installe dans la ville en 1872 et désire y créer un groupe d’artistes indépendants. Il commence alors une collaboration très intense autour de l’impressionnisme rural avec des artistes comme Paul Cézanne, Armand Guillaumin, Ludovic Piette, Edouard Béliard, dont les œuvres occupent une large place dans les dernières salles d’exposition. Très prolifique, il réalise plus de trois cent cinquante toiles, ainsi que des dessins et gravures, expérimentant toutes les techniques possibles.

Trois artistes complémentaires dans trois musées différents forment ce parcours retraçant l’évolution de la peinture de paysage en France. Leurs travails, qu’il soit pour l’un sur le motif (Charles François Daubigny) ou pour l’autre en atelier (Jules Dupré), sont symptomatiques d’une intense recherche sur la lumière, l’espace et la couleur. L’exposition laisse le visiteur se balader à sa guise de toile en toile, procurant un sentiment d’immersion le plus total. Le paysage pur – rien de plus, rien de moins – prime et se glorifie de l’éclat qui lui ai dû.

Pissarro Camille, La Brouette dans un verger,
Le Valhermeil, Auvers-sur-Oise, (1830-1903). Paris, musée d’Orsay.
 

Musée d’Art et d’Histoire Louis Senlecq