Napoléon Ier a fait renaitre Fontainebleau après la Révolution. En visitant ce château qu’il a restauré, meublé et habité, les visiteurs découvrent tout à la fois l’homme d’Etat, le chef de guerre, le chef de famille et le promoteur des arts.
NAPOLÉON À FONTAINEBLEAU
Il n’est pas de lieu en France auquel Napoléon Ier a autant imprimé sa marque qu’à Fontainebleau. S’il n’y a pas séjourné aussi longtemps qu’aux Tuileries, il y est venu plus de dix fois entre 1803 et 1815.
Napoléon Bonaparte décide de faire du château de Fontainebleau l’une de ses résidences. À la veille de son sacre en 1804, il ordonne la rénovation du palais pour y accueillir le pape Pie VII venu le couronner : le château est remeublé en dix-neuf jours seulement. Conscient de la charge historique propre à Fontainebleau, « Maison des siècles, vraie demeure des rois », il restaure et aménage le palais avec attention. Ce fleuron des biens de la Couronne devient une estrade pour l’étalage du pouvoir impérial et un écrin pour y tenir sa cour. Il redessine les jardins, réaménage luxueusement les Grands Appartements, y rétablit une étiquette qui fixe les usages de la vie monarchique. L’ancienne chambre du Roi devient la salle du Trône où se côtoient désormais symboles impériaux et emblèmes de la monarchie.
C’est aussi l’infatigable travailleur que le public rencontre à Fontainebleau. L’administration de l’Empire occupe sans cesse Napoléon Ier, au point qu’il fait installer un lit dans son bureau. C’est dans le salon voisin qu’il signera son abdication en avril 1814. Enfin, c’est le lieu d’où il adresse ses adieux à son pays et à ses plus fidèles compagnons dans la cour d’Honneur désormais appelée cour des Adieux. Ce faisant, il a mué l’extraordinaire escalier en Fer-à-cheval, prouesse architecturale datant du XVIIe siècle, en un lieu de mémoire attaché au souvenir de l’épisode le plus émouvant de son destin.
LES PETITS APPARTEMENTS DE L’EMPEREUR
Dans les Petits Appartements du rez-de-chaussée se dévoile la vie privée de l’Empereur. Napoléon veille avec exigence et précision à ce que ces espaces soient rigoureusement adaptés à ses habitudes et à ses méthodes de travail. Là, dans sa bibliothèque conçue comme un arsenal de livres, ici, dans son cabinet topographique où il peut étaler des cartes pour esquisser de fulgurantes campagnes, il œuvre avec ténacité et travaille avec acharnement.
Les visiteurs y découvrent aussi la vie privée des deux impératrices. Joséphine, qui ne peut lui donner d’héritier, y apprend l’inéluctable séparation. Après elle, Marie-Louise s’y promène, enceinte du futur roi de Rome.
LE MUSÉE NAPOLÉON IER
Le musée Napoléon Ier éclaire la visite du château et offre une ample synthèse de l’histoire et de l’œuvre napoléonienne, ponctuée par des chefs d’œuvre comme l’épée et la tunique du Sacre, le célèbre bicorne de l’Empereur, son mobilier de campagne, l’orfèvrerie d’apparat de l’État (« le Grand vermeil »), le berceau du roi de Rome ou encore les portraits des princesses de la famille impériale.
Ce musée retrace, selon un prisme historique, le vaste et complexe « système » imaginé par Napoléon pour asseoir son pouvoir sur la France et l’Europe : il réorganise les institutions, réforme la société, refonde le droit et l’éducation, contrôle les cultes et redessine la carte du continent.
De salle en salle, des portraits et des bustes représentent les membres de sa famille, des dignitaires et des officiers de l’Empire. Autant de personnages auxquels Napoléon a distribué les trônes ou confié l’administration des royaumes conquis ou créés en Europe. Des armes luxueuses, des objets d’art raffinés et des esquisses prometteuses relatent leur action.
L’envergure du musée répond à la dimension européenne de l’Empire et présente le regard porté par les souverains et les peuples européens sur la figure de l’Empereur des Français. Au total, plus de 700 œuvres, la plupart commandées pour servir le projet politique de Napoléon, racontent la fulgurante épopée d’un homme qui a refaçonné la France et l’Europe.